mardi 25 novembre 2014

Lecture - Valérie


Chapitre 21 – Les autres enfants
Les frères racontent leurs expériences avec d’autres enfants de la Petite Ville et thématisent la violence qui caractérise leurs échanges. Ils décident donc de s’armer pour ne pas être battus par les plus grands et relatent un épisode particulier observé entre Bec-de-Lièvre, leur voisine, et des garçons plus âgés. Ceux-ci la dérangent d’abord alors  qu'ell va puiser de l'eau, en crachant à plusieurs reprises dans son seau d’eau propre. Incrédules, ils justifient leur acte, appuyant le fait que leur crachat seerait plus propre que toute la maisonnée de Bec-de-Lièvre. Ils finissent par l’humilier au plus profond en lui offrant la liberté de chercher de l’eau en échange d’un acte sexuel, puis en lui refusant celui-ci quand Bec-de-Lièvre s’abaisse à l’exécuter. Klaus et Lucas s’avancent pour aider leur voisine, et les garçons du village partent apeurés par les frères supposés dangereux et prêts à tout. Ceux-ci se tournent vers Bec-de-Lièvre et lui conseillent de se défendre différemment.
Les frères démontrent dans ce chapitre leur sens de justice en défendant Bec-de-Lièvre. Ce geste les rapproche du lecteur, les rend humains et semble démontrer une empathie de leur part. Ceci est parcontre équilibré et donc remis en question par la description de leur réputation, dite dangereuse et assassine. Des juges justes, mais prêts à la violence. Inspireraient-ils vraiment la sécurité?

Chapitre 22 – L’Hiver
L’hiver est arrivé et les garçons ont froid sans gants ni bonnets ni chaussures non-trouées. Ils mangent moins et mal, car leur Grand-Mère rationalise leurs provisions. Nous apprenons que le facteur dépose parfois des paquets et lettres, mais les lettres sont jetées et les paquets cachés dans la chambre de leur Grand-Mère. Intrigués, les garçons la questionnent sans recevoir de réponse et fouillent donc sa chambre, trouvant gants, pulls chauds, bonnets, envoyés par leur mère. Lorsqu’ils rappellent leur Grand-Mère à l’ordre et l’accuse de l’injustice de ne pas leur donner ce que leur maman envoie, la Grand-Mère pleure et se lamente que sa fille, avant l’arrivée des garçons, ne lui écrivait jamais.
Ce chapitre nous donne un minuscule aperçu de l'humanité de la Grand-Mère par ses pleurs, sa réaction à la distance entre elle et sa fille. Mais la question reste toujours - pleure-t-elle une relation difficile avec son propre enfant? Ou pleure-t-elle d'égoïsme, de ne pas avoir reçu la même attention (pécunière)? De plus, nous trouvons dans ce chapitre une illustration de plus référant à la recherche de la justice des frères Klaus et Lucas.

Chapitre 23 – Le facteur
Les garçons interceptent violemment le facteur, un vieillard faible et amaigri, lors de sa tournée. But de cette interception: le forcer à leur remettre le courrier avec l’argent, destiné à eux mais adressé à leur Grand-Mère. Ils y parviennent, non sans le menacer de le tuer, et le facteur les félicite sur leur projet de se défendre, faisant allusion à la réputation de sorcière de la Grand-Mère auprès des villageois. Les frères interviennent, ne voulant pas entendre du mal de leur Grand-Mère. Habillés de leurs habits chauds, ils vont en ville le lendemain, portant chacun son tour l’argent de leur Mère.
Dans le grand froid littéral et figuré de ce chapitre , voire de l'oeuvre entière, c'est la fin de ce chapitre qui m'a frappée le plus: Les garçons portant chacun l'argent de leur maman, à tour de rôle, sous leur pull donc au plus près de leur intimité. Les garçons, obligés à grandir plus vite, s'endurcissent d'une manière brutale et triste au cours du récit, et cette manière de porter une possession précieuse préserve une étincelle de leur besoins encore enfantins, leur besoin d'appartenir à quelqu'un.
Chapitre 24 – Le cordonnier
Les frères veulent acheter des bottes et ils vont donc chez le cordonnier de la ville. Ils ont juste assez d’argent pour une paire, leur dit celui-ci, et leur conseille de s’alterner pour sortir dans le froid avec les bottes. En entendant que la sorcière est leur Grand-Mère, le cordonnier leur donne une deuxième paire à essayer, que les frères promettent de payer une fois le printemps venu. Le cordonnier, lui, veut leur offrir bottes, pantoufles, sandales et chaussettes; cadeaux que les frères ne veulent pas accepter. Ils n’aiment pas dire merci, justifient-ils. Le cordonnier leur explique son départ imminent – il sera emmené et tué bientôt. Sans dire aux garçons par qui, il les renvoie à la maison où la Grand-Mère les soupçonne d’avoir tout volé. Les frères lui reprochent entre les lignes ses manières d'envieuse, leurs nouvelles chaussures étant un cadeau.
La violence inévitable de la guerre (le cordonnier sent sa fin approcher, sans pouvoir se défendre), le mépris pour les moeurs dorénavant plus respectées et le fil rouge de la recherche de la justice par les frères se retrouvent dans ce chapitre. Dans une société paisible, ni violence ni vol sont acceptés. Ici, le cordonnier est sûr de sa fin (violente?) imminente, et le reproche de la Grand-Mère envers les frères - qu'ils ont volés les chaussures - perd tout son sens devant son propre vol à elle dans les chapitres précédents.