jeudi 29 janvier 2015

Rencontrer - Valérie

Entre deux langues - Avec deux langues

J'ai grandi à Bâle, en apprenant le français et l'allemand presque simultanément. En grandissant, je me suis rarement posée des questions sur ces capacités - pour moi, cette dualité était naturelle, m'aidait en classe et me donnait un élément de distinction, si importante à l'âge de l'adolescence où chacun cherche à définir ses marques. Tout naturellement, la langue française s'est cristallisée en tant que langue familiale, langue dans laquelle je me sens bien, et c' est donc la langue que je parle avec mes propres filles, au sein de ma propre famille.
Depuis quelque temps, je me pose la question sur l'importance de mon bilinguisme dans la construction de mon identité. En apprenant une langue, n'apprend-on pas également une culture? Quels éléments peuvent être transmis par la langue? En parlant avec ma maman, qui elle aussi est bilingue  français / allemand, je suis partie à la recherche d'éventuelles réponses à ces questions..

L'histoire de la partie maternelle de ma famille commence à Paris, lieu de naissance et de vie de ma Grand-Maman, jusqu'à ce qu'elle rencontre son futur mari, un Bernois bilingue grâce à sa propre maman romande. Leur vie commune s'installe à Bâle, leurs trois filles, dont ma maman, parlent le français à la maison et le suisse-allemand à partir de leurs 5 ans, âge du début à l'école suisse du quartier. Le cursus de ma maman se poursuit en Suisse, jusqu'au études qu'elle effectue à Bâle en allemand et à Genève en français. La co-présence des langues se poursuit, et avec ceci une co-présence de deux cultures. Une éducation très à la française est maintenue à la maison, pendant que la scolarité et par là les contacts sociaux sont marqués par le suisse-allemand. À quel côté se sent-on appartenir, demandais-je à ma maman. Ou en revanche - faut-il effectivement se poser cette question? Ne réunit-on pas les deux cultures en parlant les deux langues, sans devoir trancher et se décider à quel cercle culturel on appartient?

"Ma maman n'a jamais appris l'allemand parce qu'elle n'a jamais dû l'apprendre", me résume ma maman lors de notre conversation. Effectivement, à Bâle, la pluralité des langues n'a rien de surprenant et la proximité à la France semble maintenir la co-existence de l'allemand avec le français. Une communauté francophone existe et se retrouve grâce à de nombreuses activités organisées. La Française d'origine qu'est ma Grand-Maman n'avait donc pas la nécessité de s'intégrer à la Suisse grâce à l'outil qu'est la langue parlée dans le pays d'expatriation. Ma Grand-Maman est donc toujours restée la Française qu'elle était, ce qui est aujourd'hui encore très important pour elle. Elle a pour ce également voulu transmettre la culture française à ses filles - que ce soit un intérêt culturel affiné, ou le goût pour la cuisine équilibrée typiquement française. Inclus le fromage en fin de repas! Avec la langue fut donc transmis une culture, ou du moins une partie.

Grâce à la vie scolaire et sociale, ma maman prend connaissance de l'allemand et du suisse-allemand - dont elle dit qu'il a d'abord longtemps été en retrait par rapport au français. Bien que l'apprentissage de l'écriture et de la lecture se passait en allemand, des problèmes d'expression restaient. Cette inégalité se disperse au fil du temps des études, depuis lesquelles ma maman dit se sentir également à l'aise dans les deux langues. Aujourd'hui, aucune préférence envers l'une des langues n'existe - mais peut-être un sentiment d'appartenance plus forte d'un côté ou de l'autre? Ayant passé toute sa vie en Suisse, ayant un cercle social suisse, le sentiment d'appartenance pencherait peut-être de ce côté?

Ce sentiment, cette décision est probablement différente de personnalité à personnalité, même en comparant celles ayant le même parcours. Souvent, une différence de niveau entre les deux langues se fait remarquer, ce qui peu entraîner une proximité  envers une langue et donc une culture. Pour ma maman, qui parle et écrit d'un très bon niveau en français et en allemand, aucune préférence ne survient. "C'est une richesse", me dit-elle en fin de notre interview. Et qu'elle ne s'est jamais posée la question d'appartenir plus au côté français qu'au côté allemand. La langue transmet peut-être certains éléments culturels du pays dont elle provient, mais l'éducation et la vie sous le signe de cette culture ont une influence bien plus grande que le simple  fait de parler  la langue. Le bilinguisme de ma maman l'a, à ses yeux, ouverte au monde, à ses différences, et ne représente pas une dualité opposante. "Je ne me sens pas plus Suisse que Française", me dit-elle, "tout comme je ne me sens pas plus Française que Suisse". C'est à la limite au niveau papier, c'est-à-dire les passeports, sujet que nous effleurons lors de notre conversation, qui décide de notre appartenance à un pays et donc a une culture. Mais au niveau individuel, chacun peut choisir, ou choisir de ne pas choisir.

Lien pour l'audio:
http://www.divshare.com/download/26756752-b3e



Performance - La vidéo

Ouïr, voir - Valérie

Séquences de 'La Grande Vadrouille'


Details:
Réalisateur: Gérard Oury
Scénario: Gérard Oury
Dialogues: Georges Tabet, André Tabet
Acteurs principaux: Bourvil, Louis de Funès
Pays: France, Royaume-Uni
Date de sortie: 1.121966
Durée: 132min
Genre: Comédie

Présentation du contenu:
Pendant la deuxième guerre mondiale, lors de le l'occupation allemande, deux personnages français contraires sont réunis par la mission de sauver une équipe d'aviation anglaise, dont l'avion s'est écrasé près de Paris. Cette mission, mais surtout leur union fatidique, les plongent dans bien des aventures et situations désespérées, mais très comiques.

Réception:
Jusqu'à l'ouverture du film "Bienvenue chez les Ch'tis" en 2008, "La Grande Vadrouille" était le plus grand succès cinématographique français. Apprécié depuis sa propre sortie en 1966, il l'est autant toujours aujourd'hui, traité comme un grand classique.


Choix des séquences:

Les deux séquences suivantes ont été choisies à cause de leur caractère comique, bien sûr, mais surtout pour leur jeu de langue. Les français, bien qu'alliés aux Anglais, parlent mal l'anglais et de plus courent le danger de se faire arrêter pour trahison en se montrant ouvertement contre leurs occupants et pour leurs alliés. Dire que de s'entraider serait un crime encore plus grave!
Stanislas (incarné par Louis de Funès) et Augustin (incarné par Bourvil) sont obligés néanmoins à communiquer chacun avec le pilote et parachutiste Anglais qu'ils sauvent chacun de la découverte des Allemands, et réussissent à se comprendre. On pourrait dire en conversant avec pieds et mains, mais plus exactement, à l'aide de bribes françaises, anglaises, et même allemandes, qui finissent par donner un sens. Cet échange est naturellement comique par l'acte de Louis de Funès, petit bonhomme énergique et hirsute devant la caméra, et le personnage un peu niais d'Augustin, mais le comique de langue est présent également. 

Séquence 1

Situaton: L'Anglais ayant atterri sur le toit de l'Opéra de Paris est pris en charge par le chef d'orchestre Stanislas et veut lui faire comprendre qu'il est sensé retrouver le reste de son équipe aux Bains Turcs, avec le signe distinctif de siffler la chanson anglaise "Tea for Two". Ce projet étant trop dangereux - les passants à Paris peuvent être interceptés par des patrouilles allemandes, et dans ce cas-là, l'Anglais serait trouvé et arrêté tout de suite - Stanislas est désigné d'aller à sa place.
  
L'Anglais:    You must go, to the turkish bath ! 
Stanislas Lefort :   Il faut que j'aille aux bains turcs ? 
L'Anglais:    My name is Mac Intosh 
Stanislas:    Oui 
L'Anglais:    Me, Mac Intosh 
Stanislas:    Vous Mac Intosh 
L'Anglais:    And the signal is "Tea for two" 
Stanislas:    Le signal… 
L’Anglais siffle “Tea for Two”  

Stanislas :    Sifflez pas ça, is an american song 
L'Anglais :    Yes 
Stanislas :    Is ferbotten ici, c'est, alors… (Il joue la mélodie au piano. L’Anglais lui fait signe d’arrêter)  Attendez. If I go to the turkish bath, I risk énormément 
L'Anglais :    Yes 
Stanislas : But, if you, you go out, si vous sortez, the Germans, les Allemands, ils vous attrapent, et cr- cr-cr  (il fait le geste de quelqu’un que l’on torture)  vous allez parler, et moi I risk encore plus 
L'Anglais :    Yes 
Stanislas :    Donc, I risk on the two tableaux 
L'Anglais :    Yes 
Stanislas :    Oui, mais enfin, vous dites toujours Yes. 
L'Anglais :    Yes 
Stanislas : Bah! oui, alors écoutez, do you promess me, que if I bring ici big moustache, you partez avec lui, mais définitivement 
L'Anglais :    Yes 
Stanislas : Bon, alors, I accept to go to the turkish bath, I accept, the moustache, I accept tout et puis you, attendez... (Il ouvre une armoire),  you go là dedans, YOU GO LA DEDANS 
L'Anglais rouspète  

Stanislas: Là-dedans ! Immediatly ! Voilà. Don’t move, je reviens, I come back! 

Séquence 2

Situation: Nous sommes au Bains Turcs, Stanislas y est allé au lieu du parachutiste, Augustin s'y est rendu à la place du pilote. Les deux Français doivent donc retrouver des compatriotes anglais grâce à la chanson-signe "Tea for Two", et leur pilote grâce à sa grosse moustache. Dans les vapeurs du bain, on voit donc nos deux héros tourant en chantonnant autour d'un homme moustachu, avant de remarquer qu'ils doivent avoir un certain point commun, puiqu'ils chantent la même mélodie. Ils s'approchent l'un de l'autre et..

Augustin:    Are you ?
Stanislas:    You are.
Augustin :    Happy.
Stanislas: Glad. Where is Big Moustache ?
Augustin: I don't know and If you don't know, non ?
Stanislas :    I don't understand!
Augustin : You come with me to pick up Peter.
Stanislas : Non, you, come with me to pick up Mac Intosh!
Augustin :    Non, non, non, you 
Stanislas :    I beg your pardon Pardon, mais... 
Augustin : And if you don't come, si vous ne venez pas I, heu, ah ! merde alors ! comment on dit ça?  
Stanislas : Comment ça "Merde alors", but alors you are French ! mais alors vous êtes Français 
Augustin :    You are not English ! 

Stanislas: Non.

Les deux Français conversent en anglais, ne s'attendant pas à retrouver un Français au rendez-vous d'une équipe aviatique anglaise. Ce qui est très drôle pour le public, qui lui est informé de cette rencontre par les scènes précédentes. En plus de ça, leur accent français est tellement frappant qu'il est impossible de ne as deviner leur origine. Néanmoins, leur conversation se poursuit en anglais, jusqu'à ce que Augustin bute sur un mot et dévoile son identité française d'une manière bien française - comique elle aussi, évidemment. 
   

Performer - Anna, Laila, Valérie

Performance - A common misconception

Pour notre petite vidéo, nous nous sommes servies de plusieurs points d'inspiration. Ceux-ci seront présentés l'un après l'autre sur les lignes suivantes.

D'un côté, nous sommes parties des publicités d'aujourd'hui - comment le suspense est-il construit, quels sont les points importants représentés?
Nous étions d'accord sur le fait que dans les publicités que nous visionnons aujourd'hui, le produit n'est pas le seul point d'intérêt - les images représentent un certain lifestyle, un style de vie, d'un côté entourant le produit, mais voulant inciter le spectateur à s'insérer dans ce monde. Nous avons donc décidé de nous servir de cette idée de 'monde' et pour ce, de structurer notre performance en trois lieux de représentation.

Une chose importante pour nous était de trouver une forme de jeu avec la langue. En disant une chose, veut-on vraiment parler de celle-ci? Ou transmettre un tout autre message? Qu'attend le spectateur, comment participe-t-il?

Et pour conclure, mais sans en dire trop car ce serait gâcher l'extrait - après le jeu sur le contenu d'un énoncé verbal, nous avons cherché à jouer avec le non-verbal. Qui, accompagné d'images, transmet tout autant un message que le verbal. Ou même, serait-il plus clair, car non-commenté?

FILMLI :)

mardi 20 janvier 2015

5 - Performer, Lukas Weber



Extrait de l’acte 2 – Scène 5 ou la scène du « LE »



ARNOLPHE, bas, à part.
Tout cela n'est parti que d'une âme innocente
­Et j'en dois accuser mon absence imprudente,
Qui sans guide a laissé cette bonté de moeurs
Exposée aux aguets des rusés séducteurs.
Je crains que le pendard, dans ses voeux téméraires,
Un peu plus haut que jeu n'ait poussé les affaires.

AGNES
Qu'avez-vous? Vous grondez, ce me semble, un petit.
Est-ce que c'est mal fait ce que je vous ai dit?

ARNOLPHE
Non. Mais de cette vue apprenez-moi les suites,
Et comme le jeune homme a passé ses visites.

AGNES
Hélas! si vous saviez comme il était ravi,
Comme il perdit son mal sitôt que je le vi,
Le présent qu'il m'a fait d'une belle cassette,
Et l'argent qu'en ont eu notre Alain et Georgette,
Vous l'aimeriez sans doute, et diriez comme nous...

ARNOLPHE
Oui, mais que faisait-il étant seul avec vous?

AGNES
Il disait qu'il m'aimait d'une amour sans seconde,
Et me disait des mots les plus gentils du monde,
Des choses que jamais rien ne peut égaler,
Et dont, toutes les fois que je l'entends parler,
La douceur me chatouille, et là dedans remue
Certain je ne sais quoi dont je suis tout émue.

ARNOLPHE, bas, à part.
O fâcheux examen d'un mystère fatal,
Où l'examinateur souffre seul tout le mal!
(Haut.)
Outre tous ces discours, toutes ces gentillesses,
Ne vous faisait-il point aussi quelques caresses?

AGNES
Oh! tant! il me prenait et les mains et les bras,
Et de me les baiser il n'était jamais las.

ARNOLPHE
Ne vous a-t-il point pris, Agnès, quelque autre chose?
 (La voyant interdite.)
Ouf!

AGNES
Eh! il m'a...

ARNOLPHE
Quoi?

AGNES
Pris...

ARNOLPHE
Euh?

AGNES
Le...

ARNOLPHE
Plaît-il?

AGNES
Je n'ose,
Et vous vous fâcherez peut-être contre moi.

ARNOLPHE
Non.

AGNES
Si fait.

ARNOLPHE
Mon Dieu! non.

AGNES
Jurez donc votre foi.

ARNOLPHE
Ma foi, soit.

AGNES
Il m'a pris... Vous serez en colère.

ARNOLPHE
Non.

AGNES
Si.

ARNOLPHE
Non, non, non, non. Diantre! que de mystère!
Qu'est-ce qu'il vous a pris?

AGNES
Il...

ARNOLPHE, à part.
Je souffre en damné.

AGNES
Il m'a pris le ruban que vous m'aviez donné.
A vous dire le vrai, je n'ai pu m'en défendre.

ARNOLPHE, reprenant haleine.
Passe pour le ruban. Mais je voulais apprendre
S'il ne vous a rien fait que vous baiser les bras.

AGNES
Comment! est-ce qu'on fait d'autres choses?

ARNOLPHE
Non pas.
Mais, pour guérir du mal qu'il dit qui le possède,
N'a-t-il point exigé de vous d'autre remède?



L’œuvre « L’école des femmes » est une comédie en alexandrins de Molière jouée la première fois au théâtre du Palais-Royal le 26 décembre 1662. Cette pièce était à l’époque  très controversé et suscita une série de débats connu sous le nom de « Querelle de l’école des femmes ».

Ce dialogue est aussi important parce que Arnolphe et le spectateur pensent à tort qu’Agnès parle du « le » dans un sens sexuel qui fait allusion au mot « pucelage ». Mais au grand soulagement d’Arnolphe, Agnès est encore vierge. A cette époque, il était exceptionnel de parler du sexe au théâtre.  Cette scène fait surtout une chose : elle nous fait remettre en question la situation des femmes à l’époque. Il y avait des mariages arrangés et les femmes étaient souvent gardées stupides pour faire en sorte qu’elles obéissent aux maris. Cette pièce nous montre que les sentiments sont à la fin plus forts que la raison et Arnolphe cède sa place à Horace.
En effet, outre la référence à « L'École des maris », « L'École des femmes » pouvait être comprise par le spectateur des années 1660 comme une allusion à « L'École des filles », dialogue érotique de 1655 écrit par Michel Millot et immédiatement interdit, mais dont des copies clandestines circulaient sous le manteau. Cet ouvrage est considéré comme le premier roman sur le libertinage (Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%89cole_des_filles. Consulté le 20.01.2015).
La scène du le n’est pas la seule scène obscène. Il y a plusieurs allusions obscènes comme celle d’Alain : « La femme est en effet le potage de l’homme ; et quand un homme voit d’autres hommes parfois, Qui veulent dans sa soupe aller tremper leurs doigts, il en montre aussitôt une colère extrême. » Acte 2, Scène 3, v. 436-39.

Après tout, la scène du « le » soulève aussi la question sur le rôle des femmes et de leur éducation. Cette question reste actuelle dans notre société. Il y a des différences dues à la biologie entre les femmes et les hommes. Cela est évident. Mais déjà l’exemple du cours de gymnastique nous montre que nous ne pouvons pas toujours traiter et éduquer les hommes et les femmes de la même manière sinon aucun des deux n’aurait de plaisir en participant à ce cours. Quelle est donc l’éducation optimale pour les femmes afin qu’elles puissent vivre une vie égale en droits ? Et qu’en est-il des hommes ?

6 - Rencontrer, Lukas Weber



6 – Rencontrer

a) Avant de lire la suite. Allez écouter la chanson sur laquelle l’entretien porte sur youtube :


b) Introduction 
J’ai fait un entretien avec mon professeur de sport au sujet d’une chanson de Pink Floyd appelée « Mother » du disque « The Wall ». Il vit déjà depuis son enfance en suisse et a des parents francophones. Je me suis dit que cela pourrait être intéressant au niveau d’analyse de sa manière de parler. J’ai plaisir à discuter avec ce professeur. De plus, cette personne aime à remettre les choses en question et cela est nécessaire dans une optique d’analyse d’une chanson de Pink Floyd.



c) Transcription  de manière fidèle à l’enregistrement
Tout d’abord, qu’est-ce que… qu’est-ce que tu penses de cette chanson ? en général ?
J’adore cette chanson. J’ai beaucoup écou, écouté cette chanson. J’ai écouté ce disque pendant des années. Mais, pour moi, c’est un chapitre de ma vie qui est passé…ça veut dire je… Je ne l’écoute plus ce disque. Mais quand une fois cette chanson passe à la radio, j’ai j’ai plaisir à à la réécouter.
Donc, Pink Floyd t’as on peut dire t’as aidé un petit peu à oui dans ta vie aussi…
Pink Floyd la musique de Pink Floyd m’a accompagné… ouiiii accompagné… et m’a aidé sûrement… a soutenu… certains… certaines perspectives que j’avais… politiques... par exemple de la vie parce que ce disque est très politique et puis très critique… critique sociale… bon à cet âge… en 1979… j’ai parlé pas encore vraiment l’anglais… mais je je comprenais quelques mots. Il m’a pas influencé totalement. Mais quand-même, j’ai j’ai pu en en tirer quelques quelques opinions, quelques images sur la vie.
Et on pourrait dire que cette chanson « mother » c’était en quelque sorte ta chanson préférée ?
Non ! Non… Non ! … de ce disque… Non. C’était une de mes chansons préférées… Ma chanson préférée, si j’en ai une, c’est the thin ice …the thin ice. D’accord, je connais pas… Mais ça a l’air très très intéressant. HaHa
Selon moi, la mère est une allégorie. Donc… Selon toi, c’est quoi ? C’est… Ça représente quoi ? Ou, quel est le le message transmis par cette chanson ?
Pour moi, ce qui est intéressant dans cette dans cette mère… si je me rappelle bien du texte… c’est que la mère est une mère avec tous les symboles qu’on qu’on accroche à cette personne qui t’accompagne pendant toute la vie. Mais pour moi, dans cette chanson la mère c’est aussi la personne qui qui a dû collaborer pendant des années, des années avec ce système… qui a dû fonctionner avec ce système et comme enfant on est pas trop sûr… vraiment de quel côté elle est. Si elle est cent pour cent mère de de mon côté… ou bien si… combien de…combien l’influence le système a encore… le système d’un point de vue négatif dans dans « the wall »… combien de d’influence ce système vit dans cette personne de mère. Ça veut dire ça ça on est pas trop sûr de de justement de cette relation avec cette mère.
T’as dit « un système ». C’est c’est quoi ce système ?
Le système, c’est la philosophie…  la la le système politique qui est montré dans dans « the wall »… un régime autoritaire… qui qui utilise l’éducation pour pour infiltrer … cette idéologie… si je regarde les couleurs : le noir et le rouge et le blanc. C’est une allégorie au troisième Reich. D’accord…Avec les marteaux qui marchent.
Eh oui. Est-ce que tu retrouves cette… cette… oui ce système encore aujourd’hui ? Dans ce que tu fais dans ta dans ta vie quotidienne ?
Non. Heureusement pas. Non je vois pas. J’suis naturellement aussi critique à1 mon environnement, au système social et politique où je vis. Mais je je je vois pas de de régime autoritaire. Je suis confronté avec2 … avec un, des régimes autoritaires seulement par les informations.
Donc tu trouves qu’on qu’on vit dans un système qui nous encourage de3 penser librement ?
Oui… et non. Il y a naturellement beaucoup de restrictions qu’on ne qu’on ne remarque pas, qu’on ne peut pas percevoir… Les manipulations des médias médias. Tous les règlements qu’on a… Je vois quand-même qu’on vit pas dans un système autoritaire mais quand-même il y a des ris….restrictions qu’on ne peut presque pas percevoir. On est… je crois qu’on est moins libre qu’on le croit.
D’accord. Et avec ces mots j’aimerais bien finir. Merci beaucoup.
Je t’en prie.

d) Explications/ Interprétations
1 Le français « juste » demanderait la préposition envers ou bien par rapport à . Peut-être a-t-il oublié l’egard de.
2 Préposition qu’il faudrait appliquer est à. La « faute » provient peut-être d’un mélange avec l’allemand : konfrontiert sein mit etwas.
3 Au lieu de la préposition de, j’aurais dû appliquer la préposition à.
è  
Après avoir écouté l’entretien plusieurs fois, nous pouvons constater que  mon professeur parle le français encore couramment, mais il est sensiblement « contaminé » par le suisse allemand. Cela est dû au fait qu’il vit déjà depuis son enfance en suisse allemand en parlant toujours le français avec ses parents.

Synthèse d’analyse de la chanson (du disque) Pink Floyd :
Nous constatons que la mère est probablement une allégorie pour un état totalitaire ou un autre système politique. Elle est, dans cette chanson, une mère qui s’occupe bien de ses enfants. Peut-être s’occupe-t-elle trop bien de ses enfants jusqu’ à ce qu’ils soient enfermés tout en se sentant libres. Mais parfois il ne faut pas essayer d’interpréter trop loin. Il faut simplement se détendre et profiter d’une pièce de musique. Est-ce que vous avez des interprétations concernant cette chanson ?


4 - 120 secondes, Lukas Weber



Emission : 120 secondes
Thème : Les examens universitaires débutent
Intervenants :       Maxence Chassot : M
                               Animateur : A

Introduction

120 secondes est une émission radio humoristique animée par Vincent Kucholl et Vincent Veillon. Cette émission traite des sujets d’actualité et est constituée d’interviews de personnages fictifs. Dans la chronique choisie, Maxence Chassot, étudiant en HEC à l'Université de Lausanne, nous raconte sa préparation aux examens de fin d'année.



Transcription

A: La période des examens universitaires débute ces jours-ci, pendant un mois les étudiants des différentes facultés du pays vont devoir se soumettre à toute une série de tests écrits et oraux pour tenter de décrocher leur bachelor ou leur master, un titre qui sanctionne leur formation universitaire et leur ouvre les portes du monde du travail. On va en parler avec vous ce matin Maxence Chassot, bonjour.
M: Bonjour !
A: Vous êtes étudiant à l’université de Lausanne, vous êtes inscrit à la faculté des HEC, des hautes études commerciales et ce mardi, ce sont les écrits qui commencent pour vous.
M : HEC ça- ça veut dire hautes études commerciales ?
A: … Ben oui.
M : H…E..ah ouais ! Ah c’est marrant. HEC ouais.
A : Euh racontez-nous comment on se prépare à ces rituels ?
M : Ben par exemple mercredi après-midi j’ai euh l’écrit de euh principes de finances euh c’est le cours de Rockinger, alors euh ben aujourd’hui, demain et pis euh mercredi matin ben je vais euh relire euh mes notes à- à fond, apprendre le maximum de trucs par cœur euh, ouais pas’que on a, on a le droit à la calculatrice mais on a pas le droit à la doc.
A : Ah.
M : C’est chiant ouais. Et pis ensuite ben jeudi après-midi j’ai l’écrit de contrôle interne donc pareil euh mercredi soir pis jeudi matin ben je vais relire mes notes de cours à fond pis apprendre un maximum de trucs par cœur…
A : ouais vous vous préparez un peu à la dernière minute quand même non ?  
M : ah non non ça fait presque un mois que je vais tous les soirs à la bibliothèque de droit pour euh pour réviser mais bon c’est vrai c’est pas super efficace parce qu’on fait souvent des pauses euh pour boire des cafés, pour vapoter (fumer une cigarette électronique), pour mater les gonzesses[1].
A : hmmhh
M : Oh putain holy shit les fucking gonzesses de la bibliothèque de droit ça vaut le détour
A : Ah vous avez- vous avez pas la banane (bibliothèque cantonale universitaire/en forme de « banane »)?
M : ça va pas hey? à la banane les gonzesses elles se lavent même pas hey haha.
A : D’accord et les examens en tant que tels, comment ça se passe ?
M : Alors ben euh au début euh on arrive devant la salle, y’a un plan avec euh où est-ce qu’on est assis[2] euh ensuite on va s’asseoir tout seuls à une table pour pas pou’oir pougner pis ensuite pendant deux heures ben on fait des croix dans des- dans des cases. Même trois heures principes dee- principes de finances ça dure trois heures, ça c’est vraiment lourd quoi.
A : mhmm
M : pis moi ben en général au bout d’une heure, je vais euh- je vais vite pisser pour euh cheker les réponses qu’i’ m’manquent sur mon smartphone que j’ai planqué dans les chiottes euh…
A : ouais.
M : … au-dessus..pou..
A : tss…
M :.. euh au-dessus euh là où y’a l’eau. Je l’ai posé. (rire)
A : (rire) Pourquoi vous avez choisi la faculté des HEC ?
M : Ah ben je me suis pas vraiment euh posé la question. Ben y’a mon père, y’a mon frère, mon cousin euh Sirkis qui a aussi fait euh…(rire) HEC, donc euh c’était logique
 ‘fin c’était euh familial
                        A : ouais mais d’accord mais y’a- y’a pas- y’a pas d’autres facultés qui vous intéressaient ?
M : euh ouais *fff j’avais quand même pensé à faire droit à un moment mai bon l’problème c’est qu’faut encore apprendre encore plus d’trucs par cœur euh et pis euh après si on veut gagner plein de tunes euh faut encore faire le brevet d’avocat ça prend des années et des années…
                   A : ouais…ben oui ben c’est…
M : ouais ouais, alors que là grâce à mon- à mon père, à mon frère, pis à mon cousin Sirkis euh, je suis sûr d’avoir un super job à huit mille cinq cent balles dès que j’ai finis euh l’uni quoi…
                   A : pis…
                   M : …c’est cool …
                   A : …c’est mais genre les autre, les lettres, les sciences sociales ?
M : pfff, ça va pas la tête ? Les lettres, les sciences sociales noon, non. Quand tu fais lettres ou bien sciences sociales, tu gagnes euh genre même pas cinq mille quand t- quand tu sors non. Euh pis en plus i’ paraît qu’il faut lire plein de livres euh- euh c’est chiant quoi.
                   A : ouais ouais…
M : Pis les examens i’ durent euh quatre heures, même des fois six heures i’ paraît. Et pis en plus faut écrire des phrases, expliquer des trucs compliqués non non…
                   A : ben oui fin…
                   M : … Non non euh moi j’suis pas maso hey. Et- et- et pis les gonzesses, pis les gon… be… en- en sciences po et pis en lettres euh les gonzesses, il paraît que euh elles s’épilent même pas la chatte alors beuh… et pis que c’est tout juste si elles se maquillent donc euh merci quoi non hey j’allais pas passer quantre ans euh à me prendre le chou euh
                   A : ouais ouais.. 
                   M :entouré de cageots non mais hey…
A : Vous avez- vous avez pu tisser des- des relations intéressantes durant vos études ?
M : Ah ouais ouais à fond ouais moi j’suis au comité HEC par exemple euh…
A : Ah c’est l’association des étudiants ?
M : ouais… ouais c’est le comité HEC ouais.
                   A : ouais ouais
M : Ouais ils organisent plein de trucs cool euh des conférences euh… ‘fin bon moi en général j’y vais pas trop, je vais surtout après pour boire des verres. Pis ah aussi ils organisent le bal HEC.
A : ah ouais ?
M :  ouais. C’t’année c’était au- au  Montreux Palace d’diou, ça c’était une belle soirée quoi…
                   A : C’est vrai ?
M : Euh ! Mais les robes des gonzesses… Maa…. Holy shit quoi ! J’en ai levée une euh j’ai mais j’ai pas réussi à scorer…
                   A : ouais.
M : Non j’avais pris trop de coke euh j’étais comme ça, j’tais aah…allez pffff ! C’était…
                   A : C’était- c’était une belle période ces années d’études ?
M : Ah ouais à fond j’ai bien profité hein une trentaine d’heures de cours par semaine euh bourré du jeudi au dimanche euh non c’était cool juste un p’tit coup de stress avant les vacances d’été mais euh mais ça va quoi. Pis après ben euh c’qu’est cool, c’est qu’j’serai chef euh j’vais gagner plein de tunes non euh…
                   A : ouais.
M : Non c’est cool quoi, moi j’kiffe assez ma life.
A : Très bien Maxence Chassot, j’rappelle que vous êtes étudiant en HEC à l’université de Lausanne…
                   M : Hau- Hautes…
                   A : Hautes études commerciales.
M : Ah ouais (rire).
A : (Rire) Euh j’vous souhaite une bonne chance pour cette session d’examens…
                   M : On en apprend tous les jours !
                   A : …qui débute euh ouais ouais c’est ça ! Bonne révisions hein quand même.
                   M : Non mais aujourd’hui j’crois qu’j’vais quand même faire off quoi, c’est qu- c’est férié donc euh… j’suis pas débile moi j’bosse pas dans l’service publique ! (rires)
A : (rires) Au revoir.         

Analyse grammaticale/linguistique
1 Mater les gonzesses : « Mater » est un mot issu du français populaire ou argotique. Il signifie regarder attentivement. C’est également le cas pour le mot péjoratif « gonzesses » qui signifie femme. 

2 Y’a un plan avec où est-ce qu’on est assis : Dans cette phrase du personnage Maxence Chassot, la structure normale ou standard d’une phrase en français est fortement modifiée. La tournure de cette phrase est grammaticalement incorrecte. En effet, il est faux de dire « un plan avec où ». Il faudrait ajouter à la conjonction « où », une phrase subordonnée comme par exemple : Il y a un plan qui désigne le lieu où on est assis.



Explications/Interprétations
Dans cette interview, le personnage de Maxence Chassot nous parle de sa vie d’étudiant à l’université et donne son impression par rapport à la période de préparation aux examens. Le tout d’une manière très détendue et informelle. En effet, il semble parler à l’antenne comme il le ferait entre amis ou dans un cadre familier. Ses explications font sourire car elles livrent une vision caricaturale d’un étudiant peu concerné par les enjeux des études. Pour seule préparation, Maxence explique qu’il apprend une grande quantité de choses par cœur, que les examens se déroulent de manière très stricte où les élèves ne choisissent pas leur place comme des grands mais sont placés à l’avance pour éviter tout comportement coupable et tout ceci dans le but de gagner beaucoup d’argent sans faire d’effort particulier. Et cela nous fait rire. Mais pourquoi ? Rions-nous car il est plus facile de rire du portrait de cet étudiant pour éviter de montrer qu’il nous ressemble dangereusement? Rions-nous pour tenter de masquer que son discours reflète la réalité ? Ce qui est frappant c’est que ce qui provoque le rire chez les auditeurs, c’est qu’il trouve écho dans les pensées et les cœurs de chaque étudiant. Qui, au cours de l’entretien, ne s’est pas dit : « Mais c’est vrai, c’est exactement ça ! » ? Nous étudiants rions parce que nous nous retrouvons dans ce qu’il dit et que cela nous fait peur. Mais l’université n’est-elle vraiment qu’un nid de robots qui ne disent pas « Pourquoi ? », qui font simplement ce qui est ordonné et qui répondent aux questions de la vie par des petites croix dans des cases ?