jeudi 23 octobre 2014

Lecture Alessandra

Lecture des chapitres 45-48 de Le grand cahier

Alessandra Liberati
Notre cousine
Tout en sachant que leur père n’avait pas de sœur, les jumeaux disent à tout le monde que la jeune fille est leur cousine du côté de leur père.  Les rapports entre eux ne sont pas faciles au début. Paul et Klaus sont disposés à l’aider, mais n’ont pas intention de modifier leur existence ou de céder leur espace et, quand elle manifeste l’intention de dormir avec eux dans le galetas, ils la menacent de mort. La jeune fille aux yeux noirs promet de ne jamais y aller. Les journées passent et les jumeaux continuent leurs exercices, qui énervent leur cousine. Elle n’en comprend pas le sens. Paul et Klaus, d’un autre côté, observent qu’elle ne fait rien : elle ne travaille pas, elle n’étudie pas, elle ne fait pas d’exercices. Ils remarquent aussi que Grand-mère ne la frappe pas, qu’elle ne lui demande pas de travailler, qu’elle ne lui parle jamais.
Les bijoux
Le soir de l’arrivé de leur cousine, les deux, avant de se coucher, regardent dans la chambre de Grand-mère, à travers le trou pratiqué sur le plafond. La vielle femme est assise devant sa coiffeuse et se regarde dans la glace avec tous les bijoux que le vieux monsieur lui a laissés pour avoir accueilli la jeune fille. Craignant de devoir les rendre un jour, elle médite le plan de tuer la jeune fille juste avant la fin de la guerre. La manière la plus efficace est le poison. Le lendemain Paul et Klaus attendent que leur cousine sorte de la cuisine pour parler avec la vielle. Ils lui disent qu’ils ont promis de veiller sur la jeune fille et que rien ne doit arriver ni à elle, ni à eux. Ils lui montrent une lettre où ils décrivent tous les plans de Grand-mère: M. le curé ouvrira s’il arrive quelque chose à l’un des trois. La vieille femme les insulte et s’en va dans la vigne.
Notre cousine et son amoureux
Les journées se succède et les jumeaux observent avec curiosité la conduite de leur cousine : elle se lave tous les jours et, après avoir lavé aussi ses vêtements,   elle se met au soleil pendant que le linge sèche. Vers le soir elle rencontre à la ville, près du cimetière, un groupe de jeunes de son âge. Ils fument tous des cigarettes et ils boivent du vin en parlant de la guerre. Il y a toujours l’un d’entre eux qui fait la sentinelle au bord du sentier et qui siffle une chanson comme signal si quelqu’un s’approche ; alors le groupe se disperse, pour se retrouver quand le danger est passé. Ils font plein de discours sur la résistance et sur une prochaine libération, convaincus que les vrais ennemis sont, en réalité, ceux qui occupent actuellement leur territoire. Quand chacun rentre chez soi, la cousine s’entretient encore avec un garçon. Ils se cachent derrière un mur, mais les jumeaux peuvent quand même les entendre. Au début la jeune fille résiste aux avances de son copain mais elle n'arrive pas à se nier ert elle semble céder. Les jumeaux rentrent chez eux.

La bénédiction
Lucas et Klaus se rendent à la cure pour rendre les livres que le curé leur avait prêtés. Le curé les reçoit et leur demande pour quelle raison ils ne viennent plus le voir. Les jumeaux expliquent que maintenant ils n’ont plus besoin de se baigner chez lui, ni de son argent, car ils en gagnent assez avec leurs spectacles dans les bistrots. Ils expliquent aussi qu'ils arrivent à soutenir Bec-de-Lièvre qui ne doit plus mendier. Alors le curé leur dit qu’il avait su des tortures subites en prison et des suspects sur leur implication dans l'accident de la servante.  Les deux alors demandent des nouvelles d'elle. Ils apprennent qu’elle est allée au front pour soigner les blessés et qu’elle y est morte. Ensuite le cure leurs propose de se confesser, car un tel crime doit être lourd à porter, mais les jumeaux n’ont rien à dire. Il insiste : tout comme eux, il a assisté à la scène du morceau de pain entre la servante et le déporté. Il affirme qu’il ne faut pas se venger et que la vengeance appartient à Dieu. Cependant les jumeaux se taisent. Alors il demande à les bénir et il prononce sa bénédiction en posant les mains sur leurs têtes. Ensuite il les invite à lui rendre visite de temps en temps, même s’ils n’ont besoin de rien.

Après la terrible expérience de la prison, les enfants reprennent leur vie quotidienne auprès de leur Grand-mère. C’est à ce moment-là que l’auteure introduit le personnage de la cousine. La jeune fille, comme tous les personnages du récit sauf les jumeaux et Bec-de-Lièvre, n’a pas de nom et reste assez indéfinie. Les jumeaux ne la connaissent pas et n’ont pas d’affection pour elle, pourtant ils promettent de la protéger. On ne sait pas quelle est leur motivation , comme on ne connaît pas la raison pour laquelle ils mentent, ils protègent ou ils tuent. Les jumeaux ont décidé d’exclure tout genre de sentiment de leur narration. Ce qui compte sont les faits : « les mots qui définissent les sentiments sont très vagues ; il vaut mieux éviter leur emploi et s’en tenir à la description des objets, […] c’est-à-dire à la description fidèle des faits » (Le grand cahier, Nos études). On peut imaginer que, dans ce cas, la motivation est la curiosité qui les amène à observer attentivement ce qu’ils ne connaissent pas pour en apprendre quelque chose. En effet, les deux enfants observent leur cousine en sélectionnant ce qui est important pour eux. La description de la jeune fille reste ancrée à l’objectivité. C’est une adolescente (elle a cinq ans de plus qu’eux) brune aux yeux noirs et elle utilise de l’henné pour ses cheveux. Ce qui les intéressent est sa façon d’agir. C’est pour ça qu’ils la suivent dans ses escapades au cimetière pour rencontrer ses copains et son petit ami. En espionnant les autres, ils peuvent déterminer à l' avance les contre-mesures adéquates. Ainsi, observant leur grand-mère par le trou dans le plafond, ils découvrent le secret des bijoux que la femme a reçu pour cacher la jeune fille chez elle et que la sorcière a l'intention de l’empoisonner afin de garder les joyaux pour toujours. Cela leur permet de se défendre. L’auteure, à travers le personnage de la cousine, introduit l’élément des bijoux qui sera très important à la fin du récit et qui fournira le moyen de vivre, à l’un dans le village, à l’autre au-delà de la frontière, après la mort de Grand-mère.

Dans le chapitre La bénédiction le curé fait sa dernière apparition. Les jumeaux n’ont plus besoin de lui et de son argent. Après l’inutile tentative de leur faire confesser leur crime envers la servante, il les bénit et il les prie de revenir le voir. Maintenant c’est lui qui a besoin d’eux.

Traduction, Lukas Weber

1 - Traduction : 32 Ein wichtiger Tag (Un jour important)

a) C’était un lundi matin à six heures quand le grand branle-bas commença. Lavé, récuré – je failli me blesser le tympan – et, étant nourri copieusement de1 tartines, je mis ma chemise de marin. Paul porta de même une chemise toute neuve avec un col blanc rabattu duquel un nœud bleu ciel dépassait. Joseph me sembla un peu étranglé dans son amidonné – c’était toujours ainsi après les vacances -, pourtant, il avait bonne mine dans un complet gris-noir sur lequel une cravate socialiste en soie rouge brillait.
Ma mère nous avait prévenus qu’elle ne pourrait pas2 nous accompagner car la petite sœur ne disposait pas d’une robe appropriée pour l’occasion. Cela m’arrangeait fort bien puisque je craignais de me ridiculiser quand j’entrerais au lycée comme un moribond à la tête de toute ma famille.
Donc, nous partîmes tous les trois vers sept heures et demie. Je marchais sur la droite de Joseph alors que Paul s’accrochait à sa main gauche.
Mon cartable, qui tirait mes épaules en arrière, me faisait une poitrine avantageuse et mes talons neufs claquaient sur le pavé sur lequel il y avait encore les poubelles du matin.
En passant, mon père attira mon attention sur les noms des rues pour que je pusse3 trouver le trajet du retour. Ma mère m’attendrait le soir après la fin des cours, mais dès le matin il faudrait que je navigue tout seul entre le lycée et le toit familial, ce qui me faisait un peu peur.

b) 1 de ou des ? Selon ce qu’on aimerait exprimer on peut utiliser de ou des. Dans ce contexte, il est plus sage d’utiliser de pour accentuer le fait que le personnage a mangé beaucoup de tartines. àDonne une valeur indéfinie ! Si on mettait des il faudrait, par exemple, une proposition subordonné dans la phrase comme : […], étant nourri copieusement des tartines que maman a préparées. Ce sont ici des tartines spécifiques.
2 Problème de concordance de temps : le plus-que-parfait dans la proposition principale demande l’application du conditionnel dans la proposition subordonnée.
3 La conjonction pour que demande le subjonctif. Comme tout est au passé, il faudrait aussi utiliser le subjonctif imparfait. Mais, de nos jours, le subjonctif présent est également accepté.


c) Le personnage principal nous raconte ici l’histoire de la cérémonie de la rentrée au lycée et toutes les préparations qui la précèdent. Le récit est raconté à la première personne du singulier, donc on a affaire à la focalisation interne. Cela a pour conséquence qu’on ne connait pas le nom du personnage principal puisqu’il ne le mentionne pas.