dimanche 30 novembre 2014

Performer, Alessandra





Dialogue entre Christian et Roxane, Acte III, Scène V, Cyrano de Bergerac. Edmond Rostand
Pastiche augmenté.

Université de Bâle, Institut de français. Tous les étudiants saluent Roxane qui reste seule dans le jardin. Assise à une table, elle voit Christian venir vers elle.
Roxane : Ah c’est toi ! Apparemment on est seuls…Il fait tellement bon ! Assied-toi. On parle un peu.

Christian s’assied et ne dit rien et puis…d’une voix horrible, très perçante pour un homme
                        Wow ! Tu es si jolie ! J’t’adore !

Roxane : Umm. Un peu prématuré...mais…euh dis-moi, vu qu’on se connaît juste par chat, dis-moi quelque chose de toi, quelque chose que je n’sais pas.

Christian : Aaaalors, oui, je suis étudiant…. et j’aime le football, oui ! Le FBC est ma passion… Wow ! T’es vraiment super avec cette jupe !

Roxane : Merci ! Le football ? Oh, désolée : moi je n’y comprends rien ! Mais ok, tu m’avais écrit que tu étudies philosophie, n’est-ce pas ? Ça te plait ?

Christian : Toi, tu me plais ! Ahahah t’es presque mieux d’un match de foot !

Roxane : un peu énervée
Non ! Non, s’il te plaît ! Ne parlons pas de football ! Tu m’as écrit que tu aimes la musique et le theâtre...

Christian à part : Ah bon ?
Ahhh oui, de temps en temps ! Mais toi tu me plais ! je t’aime bien, tu sais ?

Roxane : énervée
            Mais alors, c’est un refrain ! Qu’est-ce qui se passe ? Je ne comprends pas : par chat tu me parles de philosophie, de musique, de Shakespeare et là, les seuls sujets sont le football et mes jambes ?

Christian : Eh mais, c’est pas de ma faute, si t’as de belles jambes !

Roxane : très énervée
            Ce n’est pas vrai, je n’y crois pas ! Mais qu’est-ce que t’as fumé ?! No, écoute, je n’ai pas de temps à perdre ! Elle prend son Iphone et elle appelle quelqu’un. Salut Monique ! T’es où ? Ok. Oui, j’arrive tout de suite !... Eh, je te raconterai ! À tout à l’heure !

Christian : Mais…mais tu me laisses comme ça ?

Roxane : Tant mieux, non ? T’auras le temps d’aller regarder un match de foot ! Elle s’en va.

Edmond Rostand.
Edmond Eugène Alexis Rostand naquit à Marseille le 1 avril 1868 et décéda à Paris le 2 décembre 1918. Après ses études de droit à Paris il se décida pour la carrière d’écrivain. Son premier succès arriva en 1894 grâce à Les romanesques, pièce représentée à la Comédie française. Mais le vrai triomphe vint seulement quand le grand acteur Coquelin lui demanda une pièce. Rostand écrivit alors la célèbre comédie héroïque Cyrano de Bergerac.

Cyrano de Bergerac.
Représentée pour la première fois en 1897 au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, Cyrano de Bergerac est une des pièces les plus populaires du théâtre français. Son auteur prit un grand risque en composant cette comédie héroïque inspirée de la vie et de l’œuvre de l’écrivain Savinien Cyrano de Bergerac, vécu au XVII siècle (1619- 1655). En effet la pièce en V actes est très longue et comporte un nombre considérable de personnages, de décors différents sont nécessaires entre un acte et l’autre (il y a aussi une scène de bataille), le rôle du protagoniste est très difficile à interpréter et exige un jeu éclectique, car Cyrano était en même temps poète et soldat. Mais le choix du grand acteur Benoît-Constant Coquelin pour l’interprétation du rôle principal garantissait la réussite. La pièce triompha et fut saluée par un applaudissement de vingt minutes. Le succès fut énorme en France comme à l’étranger et le personnage de Cyrano est aujourd’hui célèbre dans le monde entier. Cyrano de Bergerac est unique en son genre. Écrite en vers alexandrins, la pièce se caractérise par le mélange de genres et de registres en alternant scènes de farce et scènes d’amour, moments intimes et moments collectifs, registre noble et familiers. Fine épée et poète, toujours prêt aux actions téméraires, courageux et généreux, Cyrano a su émouvoir le public grâce à son noble et malheureu amour pour sa cousine Roxane, pour son intégrité morale, pour la négation de toute forme de compromis, pour sa méprise des puissants et leurs abus.     

L’importance de la cinquième scène du troisième acte.
 Très importante au sein de l’intrigue, cette scène est le prélude à la plus célèbre scène du Balcon, où Cyrano, caché, souffle ses belles phrases d’amour à son ami Christian, un très beau et valeureux soldat, mais incapable de broder en jolies paroles ses sentiments. La rencontre entre Roxane et Christian se termine par un échec. Roxane, belle précieuse attirée par la beauté de Christian, est convaincue que le jeune soldat est un bel esprit : elle ne sait pas que les belles paroles qu’elle a lues dans ses lettres ont été écrites par son cousin Cyrano. Face à l’incapacité expressive du cadet, la précieuse rentre chez elle en fermant la porte au nez du pauvre soldat. Christian alors invoque l’aide de son ami Cyrano qui, caché à l’ombre du balcon lui souffle les plus belles paroles d’amour.  Comme Christian est même incapable de les répéter, Cyrano décide de prendre sa place. C’est à ce moment-là que son éloquence, accompagnée par un vrai sentiment d’amour se fait émouvante. Sans la scène précédente il n’y aurait aucun contraste entre l’impuissance de Christian et la maîtrise de Cyrano.