Interview avec
Stromae sur TF1
Journal du 20h
avec Claire Chazal
Date de
diffusion : 30.11.2013
Personnages :
Modératrice Claire Chazal (C), Stromae (S) et narrateur (N)
Durée : 06 :25
Cette vidéo montre une interview avec le chanteur
belge Stromae sur la chaîne TF1. Il
s’agit dans la conversation surtout du nouvel album de l’artiste,
‘Racine Carrée’, sorti au moins d’août de 2013. Cependant, on thématise aussi
la vie et la personnalité du chanteur, afin de le faire plus connu et populaire
chez son public. Quoique le reportage soit court, il contient beaucoup
d’informations sur le chanteur.
J’ai choisi cette interview parce que j’aime bien la
musique qu’il fait et j’ai voulu bien savoir
plus sur son personnage.
Transcription
C : Un
invité exceptionnel dans ce journal. Le chanteur Stromae, artiste singulier
dans l’univers, séduit déjà un large public. Il a sorti un nouvel album en août
qui s’a vendu à neuf cent mille
exemplaires et/ il part en tournée, un phénomène que nous… découvrirons donc à
la fin de cette édition.
[Aspiration
longue] Invité exceptionnel de ce journal, Stromae, véritable phénomène
musical 2013 puisque son deuxième album, sorti au mois d’août, intitulé ‘Racine Carrée’, s’est déjà vendu à près
de neuf cent mille exemplaires dans le monde. Nous avons la chance de le
recevoir. Il est passé nous voir [ka] ce soir à l’heure du journal et l sera
sur scène à Orléans. Bonsoir/ Stromae.
S : Bonsoir
C : Merci beaucoup d’être avec nous. Alors, on va
d’abord découvrir votre personnalité et aussi en exclusivité les images du
troisième clip de l’album qui s’intitule ‘Tous les mêmes’. Tout c’la grâce à Romain
Gauche (?)
Bande-annonce du clip ‘Tous les mêmes’ ♫ [Tous
les mêmes et y ont a marre, tous les mêmes tous les mêmes, tous les mêmes…]
N : [Il
chante ‘Tous les mêmes’, mais lui ne ressemble à aucun autre.]
♫ [Si tu veux finir maintenant c’est l’monde à
l’envers mois je l’disais pour te faire réagir seulement, toi t’y pensais.
Rendez-vous, rendez-vous, rendez-vous au prochain règlement. Rendez-vous,
rendez-vous, rendez-vous sûrement aux prochaines règles]
N : Stromae, de son vrai nom Paul Van Haver, est
un chanteur belge de 28 ans d’origine ruwandaise, qui a creéun style singulier.
♫Musique au fond
N : L’univers de la ‘chanson’ française sur fond
de musique électro et de Hip-Hop. Stromae fait résonner sa voix grave sur des
rythmes dansants et des paroles qui veulent faire réfléchir. ♫ [Outai,
Papaoutai, outai, Papaoutai, outai, Papaoutai…] Sujets de société, thèmes
contemporains comme dans la chanson ‘Papaoutai’ qui évoque l’absence du père. ♫[Papaoutai
outai, Papaoutai] L’été dernier, ‘Racine Carrée’, son deuxième album est
très vite en tête des ventes. Il court en cinq années de carrière et a déjà une
solide popularité
S :
[Bonjour]
Passante : Hello
N : Il faut dire que Stromae frappe un grand coup
à chaque apparition
♫ [Tu
étais formidable, j’étais fort minable...]
N : Dans ce clip hyperréaliste il simule
l’ivresse en plein Bruxelles, toure l’écorchure sans doute. On l’a trop comparé
à Jacques Brel. ♫ [Fooormidable]. Stromae a été cri comme
le phénomène du moment. ♫ [Formidable, j’étais fort minable]. Il
est peut-être bien plus ♫[Nous étions fortmidables].
C : Alors Stromae vous n’avez que 28 ans. Vous
êtes déjà l’auteur de plusieurs tubes.
Comment vivez-vous, comment ressentez-vous cette popularité ?
S :
Vertigineuse. Oui, j’avoue q’ça ça fait toujours peur quoi. C’est toujours
parce que, je –j’préfère voir le v-verre toujours à moitié- vide pa’c que sinon
c’est pas très amusant et c’est pas très excitant. (D)onc, oui j’ai toujours
peur deee de quoi après en fait ?
C : Hm, et vous
avez le sent-..le le, vous ‘vez bien la conscience que cette popularité, elle
traverse aussi des générations. Vous touchez un public assez large au fond.
S : ça c’est oui
j’avoue que c’est un super beau compliment. Jeee, pa’c que je je déteste tout
c’qui est snobisme, donc forcément je n’fais ni de la musique pour les vieux ni
pour les gamins. [Aspiration forte]
Euuh. Je fais de la musique aa pour qui veut l’entendre et euh j’(a)voue que
c’est un super compliment d’entendre et ni la musique, pour ni brancher, ni euh
des fans de Hip Hop, ni eu…je fais de la musique pour les humains. Et j’avoue
que c’est un super beau compliment quand on me dit que c’est intergénérationnel,
donc euh je n’ai pas dire merci j-j je sais pas quoi quoi dire d’autre.
C : Alors là
vous avez entrepris une grande tournée qui va vous mener...mmm... d’abord au Trianon
au moins d’ décembre, puis au Zénith au printemps et à Bercy, une sorte de
consécration en novembre, c’est évidemment une salle gigantesque. Est-ce que la
scène est pour vous indispensable ?
S : J’avoue que
dee d’aller les rencontrer tous ces gens qui ont acheté l’album et qui viennent
euh pou-pour voir et par curiosité se dire qu’est-ce qui’ va nous faire en live
bah c’est aussi euh euh un devoir quoi et donc j’avoue que ça m m’in-impressionne
et puis euh ça donne envie simplement de communiquer quoi et euh j’avoue que à
force de passer du temps en studio des fois on-on perd l’humain quoi.
C : En me’ temps
les gens sont curieux de savoir quel est votre parcours, comment vous avez
vécu, votre destin et aussi des chan-chansons sur votre père. On sait que,
votre père, vous l’avez perdu assez jeune. Tout ça évidemment euh intrigue eet
intéresse euh votre public et émeut aussi les spectateurs
S : Bb...ap-ap-après
je-je je ‘fin p(e)nse que je me trompe mais je-je-j’uis pas tout à fait convaincu
eeeuh d’ailleurs c’est vrai que le morceau ‘Papaoutai’ parle pas forcément de
mon papa et parle plutôt de part-paternité en générale eeeuh mais j’uis
convaincu que si je racontais vraiment ma vrai vie ça intéresserait personne….vraiment.
[rire]
C : Alors on vous découvre quand même aussi sous
un jour assez audacieux et même courageux da-dans ‘Formidable ‘ on va
pas dire que c’est un tube mais tous le monde le fredonne vous l’savez. Vous
n’avez pas hésité dans le clip à vous montrer vous-même euh comme un individu
un peut dépravé en tous cas un peu eeuh un peu ivrognement dans les rues
eeuuuh, au fond c’est c’est peut-êt’ c’est mis à nu qui touche qui touche votre
public… aussi.
S : Eeuh je pense que c’était et d’ailleurs un
échange que j’ai eu avec euh mon grand frère euh la famille c’est toujours important.
C :
[Qui travaille avec vous d’ailleurs ?]
S : Tout à fait.
Euh qui est photographe je l’embrasse d’ailleurs Dady (?) qui me
dit eeuh la veille du tournage, pa’ce que je, on ét’ évidemment en grosses
hésitations, (on se) disant commet faire ce tr’ caméra cachée ou pas. [Aspiration] il m’a il m’a dit bah avec
euh pourquoi est-ce que t’as peur ? Je lui dit bah parce que j’ai peur
pour mon image. Il m’a dit ton image/ ? Depuis quand est-ce que tu parles de ton image ? Si tu parles de ton image c’est que t’as changé donc je fais
(o) k que c’est bon merci je ne m’dis plus j’y vais tout de suite et j’ fonce
[C :
‘Racine Carrée’ c’est aussi donc
eeuh l’idée que voues êtes un êt’ construit assez solide euh voir mm exigerait méticuleux/ c’est c qu’on voit dans ce dans ce travail, c’est ce
qui vous caractérise/
S : Peut-êt’ méticuleux en tout cas euh et ça
c’est pour voir le verre à moitié rempli et à moitié vide, c’est que ça risque
un maniaque relou eeuh que je suis/
C :
(rire doucement)
S : Eeuh je-j-j’ai pas l’impression que j’sais
exactement c’ que je veux et je pense que euh ce qui me caractérise c’est qu’en
fait justement je sais pas, c’est un jour c’est noir, un jour c’est blanc [Aspiration forte]. Euh bâtard que je
suis euh moitié moitié euh voilà le montre bien euh, mais c’est vrai que je-je
sais jamais en fait, je sais jamais et c’est ça mon problème et qui fait ma
particularité sur mo(i) quoi.
[C :
Et sûrement l’intérêt évidemment des-des chansons de ce que vous écrivez, de ce
que vous composez. On vous compare/ souvent à Jacques Brel, j’ais pas si euuuuh
évidemment c’est c’est f-flatteur mais j’ais pas si vous avez envie d’accepter
cette comparaison\
S : Brel, c’est plus par respect. Pour lui, son
parcours, son œuvre que euh je-je n’accepte pas ouuu je prends très bien, c’est
un très beau compliment mais, par pudeur je préfère laisser là où il est parce
queee/ [Aspiration] jamais je
n’oserais m(on) comparer à lui. [rire]
C : C’est Stromae ! Merci infiniment d’être
venu nous voir et d’être passé sur cee plateau. Evidemment, on vous fait
beaucoup d choses pour cette euh tournée et l’album donc ‘Racine Carrée’/ qui est en vente depuis le moins d’août dernier.
Merci infiniment de votre présence.
S :
[Merci, merci] doucement
Analyse de l’interview
Dans cette analyse je vais jeter un regard sur
quelques types d’argument utilisés dans l’interview et je vais aussi faire des remarques
sur le vocabulaire.
Comme il s’agit d’une interview à la télévision, on
constate tout de suite que le langage de la modératrice et formel et soigné.
Elle vouvoie son invité et montre aussi une certaine distance à lui. Au
contraire, Stromae utilise un registre moins élevé ce qui ne veut pas dire
qu’il se sert d’un langage familier. Ce qui est
frappant, c’est le fait que le chanteur commence presque chaque phrase avec le
verbe avouer. Il dit alors toujours ‘J’avoue
que…’ au lieu d’utiliser une autre formule. Parfois il le répète même
plusieurs fois dans un seul énoncé. Il dit aussi quelque fois quoi à la fin de ses phrases, un mot explétif appartenant au langage
quotidien. Cet explétif n’a pas de rôle grammatical, mais sert plutôt à assurer
la transmission de ce qui est dit à l’interlocuteur ou simplement pour orner la
phrase.
Un autre phénomène linguistique, très fréquent dans la
langue française, est l’omission des syllabes et des lettres, générée par la
vitesse de parole et l’économie de la langue. Comme dans les
exemples : pa’c que, peut-êt’, m’dit, j’uis. Ce phénomène est clairement audible dans toute l’interview. Stromae
a souvent l’air d’hésiter et de réfléchir quand il répond aux questions, ce qui
se montre dans les expressions euh ou et. Il faut quand même admettre que cette hésitation est normale,
comme il s’agit des réponses spontanées et non pas réfléchies à l'avance. On
rencontre dans l’interview également des anglicismes comme : tube,
snobisme, en live, fan, qui ont affaire avec la branche de la musique,
puisqu’elle est influée par le monde anglophone.
Quelques types d’argument
Argument
de causalité
-Je déteste tout c’qui est snobisme, donc forcément je n’fais ni de la
musique pour les vieux ni pour les gamins.
- J’avoue que à force de passer du temps en studio des
fois on-on perd l’humain quoi.
-Si tu parles de
ton image c’est que t’as changé.
Argument
par les faits
- On sait que, votre père, vous l’avez
perdu assez jeune. Tout ça évidemment euh intrigue eet intéresse euh votre
public et émeut aussi les spectateurs.
Argument ad personam
-Euh bâtard que
je suis euh moitié moitié euh voilà le montre bien euh, mais c’est vrai que
je-je sais jamais en fait, je sais jamais et c’est ça mon problème et qui
fait ma particularité sur mo(i) quoi.