mardi 16 décembre 2014

Voir-Ecouter, Nurgül

Interview avec Stromae sur TF1
Journal du 20h avec Claire Chazal
Date de diffusion : 30.11.2013
Personnages : Modératrice Claire Chazal (C), Stromae (S) et narrateur (N)          
Durée : 06 :25

Cette vidéo montre une interview avec le chanteur belge Stromae sur la chaîne TF1. Il  s’agit dans la conversation surtout du nouvel album de l’artiste, ‘Racine Carrée’, sorti au moins d’août de 2013. Cependant, on thématise aussi la vie et la personnalité du chanteur, afin de le faire plus connu et populaire chez son public. Quoique le reportage soit court, il contient beaucoup d’informations sur le chanteur.
J’ai choisi cette interview parce que j’aime bien la musique qu’il fait et j’ai voulu  bien savoir plus sur son personnage.






Transcription
C : Un invité exceptionnel dans ce journal. Le chanteur Stromae, artiste singulier dans l’univers, séduit déjà un large public. Il a sorti un nouvel album en août qui s’a vendu à neuf  cent mille exemplaires et/ il part en tournée, un phénomène que nous… découvrirons donc à la fin de cette édition.
[Aspiration longue] Invité exceptionnel de ce journal, Stromae, véritable phénomène musical 2013 puisque son deuxième album, sorti au mois d’août, intitulé ‘Racine Carrée’, s’est déjà vendu à près de neuf cent mille exemplaires dans le monde. Nous avons la chance de le recevoir. Il est passé nous voir [ka] ce soir à l’heure du journal et l sera sur scène à Orléans. Bonsoir/ Stromae.
S : Bonsoir
C : Merci beaucoup d’être avec nous. Alors, on va d’abord découvrir votre personnalité et aussi en exclusivité les images du troisième clip de l’album qui s’intitule ‘Tous les mêmes’. Tout c’la grâce à Romain Gauche (?)
Bande-annonce du clip ‘Tous les mêmes’ [Tous les mêmes et y ont a marre, tous les mêmes tous les mêmes, tous les mêmes…]
N : [Il chante ‘Tous les mêmes’, mais lui ne ressemble à aucun autre.]
[Si tu veux finir maintenant c’est l’monde à l’envers mois je l’disais pour te faire réagir seulement, toi t’y pensais. Rendez-vous, rendez-vous, rendez-vous au prochain règlement. Rendez-vous, rendez-vous, rendez-vous sûrement aux prochaines règles]
N : Stromae, de son vrai nom Paul Van Haver, est un chanteur belge de 28 ans d’origine ruwandaise, qui a creéun style singulier.
♫Musique au fond
N : L’univers de la ‘chanson’ française sur fond de musique électro et de Hip-Hop. Stromae fait résonner sa voix grave sur des rythmes dansants et des paroles qui veulent faire réfléchir. [Outai, Papaoutai, outai, Papaoutai, outai, Papaoutai…] Sujets de société, thèmes contemporains comme dans la chanson ‘Papaoutai’ qui évoque l’absence du père. [Papaoutai outai, Papaoutai] L’été dernier, ‘Racine Carrée’, son deuxième album est très vite en tête des ventes. Il court en cinq années de carrière et a déjà une solide popularité
S : [Bonjour]
Passante : Hello
N : Il faut dire que Stromae frappe un grand coup à chaque apparition
                                                                                              [Tu étais formidable, j’étais fort minable...]
N : Dans ce clip hyperréaliste il simule l’ivresse en plein Bruxelles, toure l’écorchure sans doute. On l’a trop comparé à Jacques Brel. [Fooormidable]. Stromae a été cri comme le phénomène du moment. [Formidable, j’étais fort minable]. Il est peut-être bien plus [Nous étions fortmidables].
C : Alors Stromae vous n’avez que 28 ans. Vous êtes déjà l’auteur de plusieurs tubes. Comment vivez-vous, comment ressentez-vous cette popularité ?
S : Vertigineuse. Oui, j’avoue q’ça ça fait toujours peur quoi. C’est toujours parce que, je –j’préfère voir le v-verre toujours à moitié- vide pa’c que sinon c’est pas très amusant et c’est pas très excitant. (D)onc, oui j’ai toujours peur deee de quoi après en fait ?
C : Hm, et vous avez le sent-..le le, vous ‘vez bien la conscience que cette popularité, elle traverse aussi des générations. Vous touchez un public assez large au fond.
S : ça c’est oui j’avoue que c’est un super beau compliment. Jeee, pa’c que je je déteste tout c’qui est snobisme, donc forcément je n’fais ni de la musique pour les vieux ni pour les gamins. [Aspiration forte] Euuh. Je fais de la musique aa pour qui veut l’entendre et euh j’(a)voue que c’est un super compliment d’entendre et ni la musique, pour ni brancher, ni euh des fans de Hip Hop, ni eu…je fais de la musique pour les humains. Et j’avoue que c’est un super beau compliment quand on me dit que c’est intergénérationnel, donc euh je n’ai pas dire merci j-j je sais pas quoi quoi dire d’autre.
C : Alors là vous avez entrepris une grande tournée qui va vous mener...mmm... d’abord au Trianon au moins d’ décembre, puis au Zénith au printemps et à Bercy, une sorte de consécration en novembre, c’est évidemment une salle gigantesque. Est-ce que la scène est pour vous indispensable ?
S : J’avoue que dee d’aller les rencontrer tous ces gens qui ont acheté l’album et qui viennent euh pou-pour voir et par curiosité se dire qu’est-ce qui’ va nous faire en live bah c’est aussi euh euh un devoir quoi et donc j’avoue que ça m m’in-impressionne et puis euh ça donne envie simplement de communiquer quoi et euh j’avoue que à force de passer du temps en studio des fois on-on perd l’humain quoi.
C : En me’ temps les gens sont curieux de savoir quel est votre parcours, comment vous avez vécu, votre destin et aussi des chan-chansons sur votre père. On sait que, votre père, vous l’avez perdu assez jeune. Tout ça évidemment euh intrigue eet intéresse euh votre public et émeut aussi les spectateurs
S : Bb...ap-ap-après je-je je ‘fin p(e)nse que je me trompe mais je-je-j’uis pas tout à fait convaincu eeeuh d’ailleurs c’est vrai que le morceau ‘Papaoutai’ parle pas forcément de mon papa et parle plutôt de part-paternité en générale eeeuh mais j’uis convaincu que si je racontais vraiment ma vrai vie ça intéresserait personne….vraiment. [rire]
C : Alors on vous découvre quand même aussi sous un jour assez audacieux et même courageux da-dans ‘Formidable ‘ on va pas dire que c’est un tube mais tous le monde le fredonne vous l’savez. Vous n’avez pas hésité dans le clip à vous montrer vous-même euh comme un individu un peut dépravé en tous cas un peu eeuh un peu ivrognement dans les rues eeuuuh, au fond c’est c’est peut-êt’ c’est mis à nu qui touche qui touche votre public… aussi.
S : Eeuh je pense que c’était et d’ailleurs un échange que j’ai eu avec euh mon grand frère euh la famille c’est toujours important.
C : [Qui travaille avec vous d’ailleurs ?]
S : Tout à fait.  Euh qui est photographe je l’embrasse d’ailleurs Dady (?) qui me dit eeuh la veille du tournage, pa’ce que je, on ét’ évidemment en grosses hésitations, (on se) disant commet faire ce tr’ caméra cachée ou pas. [Aspiration] il m’a il m’a dit bah avec euh pourquoi est-ce que t’as peur ? Je lui dit bah parce que j’ai peur pour mon image. Il m’a dit ton image/ ? Depuis quand est-ce que tu parles de ton image ? Si tu parles de ton image c’est que t’as changé donc je fais (o) k que c’est bon merci je ne m’dis plus j’y vais tout de suite et j’ fonce
                                                                                                          [C : ‘Racine Carrée’ c’est aussi donc eeuh l’idée que voues êtes un êt’ construit assez solide euh voir mm exigerait méticuleux/ c’est c qu’on voit dans ce dans ce travail, c’est ce qui vous caractérise/
S : Peut-êt’ méticuleux en tout cas euh et ça c’est pour voir le verre à moitié rempli et à moitié vide, c’est que ça risque un maniaque relou eeuh que je suis/
                                                           C : (rire doucement)
S : Eeuh je-j-j’ai pas l’impression que j’sais exactement c’ que je veux et je pense que euh ce qui me caractérise c’est qu’en fait justement je sais pas, c’est un jour c’est noir, un jour c’est blanc [Aspiration forte]. Euh bâtard que je suis euh moitié moitié euh voilà le montre bien euh, mais c’est vrai que je-je sais jamais en fait, je sais jamais et c’est ça mon problème et qui fait ma particularité sur mo(i) quoi.
                                               [C : Et sûrement l’intérêt évidemment des-des chansons de ce que vous écrivez, de ce que vous composez. On vous compare/ souvent à Jacques Brel, j’ais pas si euuuuh évidemment c’est c’est f-flatteur mais j’ais pas si vous avez envie d’accepter cette comparaison\
S : Brel, c’est plus par respect. Pour lui, son parcours, son œuvre que euh je-je n’accepte pas ouuu je prends très bien, c’est un très beau compliment mais, par pudeur je préfère laisser là où il est parce queee/ [Aspiration] jamais je n’oserais m(on) comparer à lui. [rire]
C : C’est Stromae ! Merci infiniment d’être venu nous voir et d’être passé sur cee plateau. Evidemment, on vous fait beaucoup d choses pour cette euh tournée et l’album donc ‘Racine Carrée’/ qui est en vente depuis le moins d’août dernier. Merci infiniment de votre présence.
                                                                                   S : [Merci, merci] doucement



Analyse de l’interview
Dans cette analyse je vais jeter un regard sur quelques types d’argument utilisés dans l’interview et je vais aussi faire des remarques sur le vocabulaire.
Comme il s’agit d’une interview à la télévision, on constate tout de suite que le langage de la modératrice et formel et soigné. Elle vouvoie son invité et montre aussi une certaine distance à lui. Au contraire, Stromae utilise un registre moins élevé ce qui ne veut pas dire qu’il se sert d’un langage familier. Ce qui est frappant, c’est le fait que le chanteur commence presque chaque phrase avec le verbe avouer. Il dit alors toujours ‘J’avoue que…’ au lieu d’utiliser une autre formule. Parfois il le répète même plusieurs fois dans un seul énoncé. Il dit aussi quelque fois quoi à la fin de ses phrases, un mot explétif appartenant au langage quotidien. Cet explétif n’a pas de rôle grammatical, mais sert plutôt à assurer la transmission de ce qui est dit à l’interlocuteur ou simplement pour orner la phrase.
Un autre phénomène linguistique, très fréquent dans la langue française, est l’omission des syllabes et des lettres, générée par la vitesse de parole et l’économie de la langue. Comme dans les exemples : pa’c que, peut-êt’, m’dit, j’uis. Ce phénomène est clairement audible dans toute l’interview. Stromae a souvent l’air d’hésiter et de réfléchir quand il répond aux questions, ce qui se montre dans les expressions euh ou et. Il faut quand même admettre que cette hésitation est normale, comme il s’agit des réponses spontanées et non pas réfléchies à l'avance. On rencontre dans l’interview également des anglicismes comme : tube, snobisme, en live, fan, qui ont affaire avec la branche de la musique, puisqu’elle est influée par le monde anglophone.

Quelques types d’argument

Argument de causalité
-Je déteste tout c’qui est snobisme, donc forcément je n’fais ni de la musique pour les vieux ni pour les gamins.
- J’avoue que à force de passer du temps en studio des fois on-on perd l’humain quoi.
-Si tu parles de ton image c’est que t’as changé.

Argument par les faits
- On sait que, votre père, vous l’avez perdu assez jeune. Tout ça évidemment euh intrigue eet intéresse euh votre public et émeut aussi les spectateurs.

Argument  ad personam

-Euh bâtard que je suis euh moitié moitié euh voilà le montre bien euh, mais c’est vrai que je-je sais jamais en fait, je sais jamais et c’est ça mon problème et qui fait ma particularité sur mo(i) quoi.