jeudi 27 novembre 2014

Hiroshima mon amour - Raquel C. version révisée

HIROSHIMA MON AMOUR 
Le film en bref 
Nom du réalisateur: Alain Resnais 
Production:              Samy Halfon et Anatole Dauman 
Année de sortie:      1959 
Scénaristes:             Marguerite Duras 
Remake:                 H Story, œuvre du réalisateur Nobuhiro Suwa, sortie en 2001 
Récompenses: 
  • Prix Méliès en 1959. 
  • Grand Prix de l’Union de la critique de cinéma en 1960. 
  • Prix de la Fédération internationale de la presse cinématographique. 
  • Prix de la société des écrivains de cinéma et de télévision. 
  • Prix de la Fédération socialiste des ciné-clubs. 
  • « Victoire 1959 » attribuée par les journaux Le Figaro, Cinémonde et Le Film français, après un référendum auprès des professionnels du film. 
Réception publique et critique: 
Jacques Chevalier a écrit dans «Image et son »: “For the first time, cinema achieves ‘the remembrance of things past, creating a temporality that one can call ‘novelistic,’ mixing the past and present in a dialectical fashion that previously seemed impossible to accomplish in cinema.” Dans les Cahiers du cinémaJean-Luc Godard lui donna du "Faulkner plus Stravinsky plus Picasso" et dit que c'était selon lui le premier film sans aucune référence cinématographique. Même Alfred Hitchcock a reconnu l'importance du film quand il décrit sa propre juxtaposition des scènes finales dans North by Northwest (1959) comme comparable au style de montage d'Hiroshima mon amour 

Choix de deux séquences 
Première séquence 
 C'est la scène initiale du film. Elle présente "le mal" d'Hiroshima, sous forme d'off-screen, c'est-à-dire qu'on apprend par les images mis en scène, ce qui s'est passé et donc ce qu'elle a vu. 
 Elle contextualise la catastrophe d'Hiroshima et montre des images des conséquences de l'explosion de la bombe.    
  
Deuxième séquence 
La deuxième scène se trouve au milieu du film.C'est encore une fois les deux mêmes protagonistes qui s'aiment. Cette fois-ci, on voit aussi leurs visage, c'est-à-dire leurs expressions. 

La première séquence représente la certitude d'Elle1, puisqu'elle est sûre de ce qu'elle a vu, même si Lui le nie et exprime son désaccord, alors que dans la deuxième séquence c'est Lui qui est sûr et c'est Elle qui n'est pas d'accord avec ce qu'il dit. 
                         
                                                                                

                                                                         


  
Résumé et importance des séquences 
Première séquence 
Cette première scène montre différentes parties de deux corps nus des deux personnages principaux qui s'aiment. Elle, une actrice française, raconte ce qu'elle a vu à Hiroshimaen retournant en arrière, en élaborant une conception par flashs mémorielsles corps souffrants, le musée de la bombe, l'hôpital, le dôme, un lieu de paix. Lui, un architecte japonais, refuse le fait qu'elle ait vu quelque chose à Hiroshima. 
Par conséquent, le film commence très cliniquement, passant sans pudeur des images d’archives aux montages d'enlacements, et aux couloirs d’hôpitaux: le couloir avec ses portes multiples entrouvertes vers l’inconscient et la mémoire, reproduite par des fulgurances visuelles et une diction parfois étrange.  
J'ai choisi cette scène parce qu'elle montre le traumatisme de Lui. Il ne veut pas accepter, ni penser à ce qui s'est passé à Hiroshima. 
Cette scène devrait montrer le commencement inhabituel d'une histoire, "une histoire qui se passe milles fois dans un seul jour". De plus, ce qu'on peut y interpréter c'est que la ville représente le corps, elle est comme un corps, elle garde le souvenir de la douleur, mais elle se nourrit aussi de l’énergie de son désespoir. La réalité crue du bombardement nous est montrée comme un décharnement ; elle est d’ailleurs systématiquement comparée aux deux êtres qui fuient leur passé avant de devoir l’affronter, avant de subir la torture une dernière fois, en ajoutant la parole à la souffrance, pour effectuer cette renaissance: dire, pour ne pas mourir. 

  
Deuxième séquence 
La deuxième scène montre encore une fois les deux protagonistes nus sur le lit, cette fois-ci, c'est dans le lit chez Lui et non plus chez Elle à l'hôtel. Ils se sont aimés et elle lui a raconté sa passion et ses aventures secrètes à Nevers. Lui pense avoir compris la raison pour laquelle elle est comme elle est, ce qu'Elle nie absolument. 
J'ai choisi cette scène parce qu'elle montre l'autre côté de l'histoire, c'est-à-dire qu'il s'agit du traumatisme d'Elle. Elle ne veut pas accepter non plus, ni se confronter avec le passé. 
Cette scène est un tournant, puisque ce sont les deux maintenant qui se sont confrontés avec leur passé. Les deux savent que ce n'est pas possible de l'oublier tout simplement, mais qu'il est nécessaire d'en parler pour que l'autre puisse le comprendre. Les deux vivent presque le même traumatisme, ce qui pourrait les unir, car, la version platonique de l'amour est compris traditionnellement comme une recherche de l'universel, le pareil ou le seul; le désir s'efforce de transformer la différence en unité. 


Explications/ interprétations/ recherches du film dans sa totalité 
Le film était une commande des production Argos qui avaient choisi Resnais pour réaliser une œuvre sur la paix.  
Le film utilise différents moyens pour appliquer la série non-linéaire des événements. Des monologues intérieurs, des voice-over, les fréquent flash-back et les changements d'images, c'est-à-dire le montage, sont à mentionner. Il est impossible d'atteindre un sentiment concret pour un des personnages. En outre, la dichotomie, c'est-à-dire, l'interaction d'opposition se fait tout au long du film: passé et présent, réalité et mémoire, sexe et mort, France et Japon, tragédie publique versus personnelle ou guerre et paix. 
La tonalité globale du film est par conséquent la torture et l'exorcisme, mais aussi le savoir maléfique que les moments partagés seront perdus un jour.  
Ce film, n'est pas une récupération des moments d'horreur de la bombe atomique et de son abomination, mais une histoire qui exprime le cauchemar de deux survivants  aux perspectives différentes, l'expression à travers leurs sentiments et de leurs dialogues. Par conséquent, ce sont les conversations sur la vie et la mort et notamment les mot « Nevers » et « Hiroshima » qui sont de grande importance, car il s’appelle Hiroshima et elle s’appelle Nevers. La souffrance des deux constituent les deux mémoires, les deux vies : La souffrance de l’un ne peut être comprise par l’autre sans qu’il y ait un dialogue, un échange.