Interview avec le rappeur Stress
Source: http://www.youtube.com/watch?v=icaDs0XpKbs
Synthèse
Il s’agit d’une interview de « La Web Tv télé
Neuchâteloise ». L’intervieweur est une fille, l’interviewé est le rappeur
romand Stress. L’interview a lieu dans le cadre d’un concert que Stress donne
ce soir-là à Sion lors du festival « Sion sous les étoiles ».
L’interview se déroule de la manière suivante : la fille a préparé une
feuille avec des questions qui d’abord portent plutôt sur la musique et la vie
de musicien avant de passer, via la coupe du monde, à des questions concernant
des problèmes écologiques, notamment la problématique de la pollution et la
discussion de possibles solutions.
J’ai choisi ce type
d’interview entre un enfant et une personne célèbre afin de pouvoir observer le
comportement des deux interlocuteurs. Je trouvais intéressant de voir la
manière dont l’enfant et Stress interagissent ensemble, c’est-à-dire que je
voulais observer par exemple si l’enfant est extrêmement nerveux ou bien si
Stress adapte sa façon de parler à un langage plutôt infantile, etc.
Typologie
Bien qu’il s’agisse d’une interview faite par un enfant,
les sujets traités sont très importants et actuels. La problématique de la
pollution de l’environnement concerne tout le monde. Quoique ce soit un sujet
complexe, il est quand même important de sensibiliser aussi les enfants à ce
thème. Cette interview fait donc un lien entre la musique, le foot et des
problématiques universelles comme la pollution en nous faisant remarquer de
cette façon que d’une part c’est une problématique sérieuse qui affecte tout le
monde, un enfant ainsi qu’une personne célèbre, et d’autre part qu’il faut
trouver des solutions.
Transcription
Interview entre l’enfant (E) et Stress (S):
E: Stress,
bonjour.
S: Bonjour.
E: Nous avons la
chance d’être en votre compagnie ici à Sion, car ce soir vous donnerez un
concert dans
le stade de Tourbillon à l’occasion du festival … « Sion sous les
étoiles ».
Avez-vous
déjà eu l’occasion de vous produire dans un stade?
S : Ehm… J’crois
que oui, mais maintenant j’me rappelle plus, non en général on joue
pas trop
souvent dans des stades, c’est plutôt des festivals ou des .. ou des salles qui
sont
fermées.
E: Eh vous
avez le trac ?
S : Ouais,
quand même un p’tit peu et on sait jamais vraiment comment les choses sont ..
eh :
comment les
choses vont se passer parce que ça dépend aussi comment tu arrives à
interagir
avec le public, ce genre de truc.
E : Qui dit
stade, dit foot. Avez-vous suivi la Coupe du Monde au Brésil ?
S : =Ouais.
Ouais, j’ai regardé ..&
E : ((rire))
S : & pas mal de matchs.. c’était pas mal, c’était bien, =afin
j’ai trouvé que c’était un bon
mondial
après le résultat final, voilà c’est ce que c’est, mais j’crois que…
l’Allemagne l’a
mérité..
compliments.
E : Maintenant,
la Coupe du Monde est terminée, mais il y aura bientôt les Jeux. Pensez-
vous qu’il
était ju- judicieux d’attribuer ces deux manifestations sportives à un pays
comme le
Brésil qui a déboursé 15 milliards pour la construction de stades alors qu’une
bonne partie
de la population est très pauvre ?
S : =Non. Je
trouve que c’était ..pas du tout judicieux, ou disons que la manière dont
l’argent
était dé-
était dépensé… j’crois qu’en plus ils ont dépensé bien plus que … qui était
prévu
à la base,
donc non, et c’est d’ailleurs pour ça qu’il y a une crise sociale au: .. en
Brésil
maintenant,
et j’pense qu’on en entend pas beaucoup parler, et j’pense qu’ils espéraient
qu’avec le
foot et ça on oublierait mais maintenant ils doivent vraiment faire face à
leurs
problèmes.
((chanson de Stress - C’est
Réel))
E : Il y a
quelques années, vous avez composé les chansons « C’est réel » et « On
n’a qu’une
terre ».&
S : =Ouais.
E : &Deux
chansons pour essayer d’éveiller les consciences des gens sur les dégâts que
l’homme
inflige à notre terre. Pour vous, les problèmes environnementaux sont-ils des
sujets qui
vous inquiètent ?
S : J’pense
que c’est des problèmes qui nous inquiètent.. tous, indirectement, si on
commence à y
réfléchir. J’ai-.. J’ai plutôt l’impression que la plupart des gens préfèrent
ne pas y
penser et eh:m.. continuent leurs vies comme ça. On peut tous vivre, xxx..
comment dire,
comme une autruche, d’une certaine manière, mais eh:m.. moi
personnellement
ça me touche, en plus, si eh: vous avez des enfants etc., il y a une
question, la
vie continue même quand on n’est plus là, et puis j’pense qu’il y a.. il y a un
réel besoin
de prendre conscience.
E : Pensez-vous
que les artistes ont plus de chance de faire passer le message qu’un
politique?
S : J’pense
qu’en fait les artistes peuvent faire passer des messages et les politiques
peuvent
voter des
lois.. donc d’une certaine manière ça serait idéal que les deux puissent
travailler
main dans la main mais souvent c’est vraiment… souvent il y a une totale
incompréhension
au niveau… au niveau du.. du monde, ou de..d’où on vient, en façon de
nous, comme
on procède, comme on dit les choses, on a cette..comment dire.. cette
position ou
ce luxe de dire simplement c’ qu’on pense et j’ai l’impression que dans le
monde
politique tout est extrêmement calculé, tout est extrêmement réfléchi, donc il
y a
plus de.. coups
de colère ou ce genre de trucs, donc c’est un peu.. difficile.
E : Qu’est-ce
qui énerve Stress ?
S : ça dépend
des jours, =il y a des jours où tout m’énerve&
E : ((rire))
S : &mais en général moi ce qui m’énerve c’est quand je vois que
des gens ont des
possibilités..
et eh: ne saisissent pas les opportunités… et ça c’est, j’trouve en fait
triste,
pour
moi.. qui est venu eh: d’un pays où il y avait pas beaucoup de possibilités.
j’suis
arrivé
ici en Suisse, j’ai eu la chance, la possibilité d’étudier… eh: j’étais soutenu
par
l’état
avec des bourses etc., donc eh: pour moi, c’qui m’a toujours énervé le plus dans
la
vie
c’est des gens qui.. utilisent pas leur potentiel au maximum.
E : Votre
dernier album, « Renaissance 2 », date de 2011, eh:.. pour quand
pensez-vous que
le prochain
arrivera ?
S : =Alors
nous, en fait, on est au studio maintenant&
E : [ah]
S : [je]
dois finir l’album pour eh: fin
septembre
en fait, donc j’suis en train d’faire ça.
E : Eh: comment
êtes-vous tombé dans le rap ?
S : Par
l’ennui, en fait. J’habitais dans un endroit où il y avait rien à faire, et
puis eh: j’ai
découvert le
rap, j’ai découvert la danse eh:.. ça me donnait aussi un hobby après pour
écrire, j’ai
fait des graffitis, tous les trucs qu’il fallait pas faire, mais… en même temps
il
y avait
toujours une idée artistique derrière.. et j’crois que c’est ça qui
m’intéressait le
plus.
E : Eh:
comment se passe la naissance d’une chanson ?
S : J’crois
que ça se passe beaucoup eh:m… dans la tête, par des moments où… on s’dit,
qu’est-ce
qu’on aimerait exprimer, et des fois ça se passe aussi simplement en faisant de
la musique
avec des amis, il y a quelque chose qui est là et puis après on essaie
de..identifier
une émotion à ce qui en sort, et d’en faire une chanson. xxx j’pense qu’il y a
vraiment
beaucoup de moyens différents de créer une chanson.. il y a des albums que j’ai
faits en
étant à la maison avec des amis tout un été, comme Noël’s room, où tu passes
juste du bon
temps, il y a des gens qui font de la musique, et puis eh:.. et puis tu es
simplement
ensemble.
Analyses
Analyse I
En écoutant l’interview, on remarque qu’il y a une
différence entre Stress et la fille quant au rythme de parole. La fille a
préparé la formulation des questions auparavant, donc elle parle couramment,
ses questions sont brèves car ses interventions représentent plutôt de la
lecture. Ses formulations sont d’un style élevé et formel, comme par
exemple dans l’introduction qu’elle donne : « Nous avons la chance d’être en votre compagnie ici à Sion, car ce soir vous donnerez un concert […] ».
Le mot car appartient plutôt à la
langue écrite.
Par contre, Stress n’a pas de réponses préparées et il
répond donc spontanément. On voit beaucoup plus de traces d’oralité, par
exemple des mots comme ehm, donc, etc.
ou des petites pauses qui lui permettent de réfléchir aux questions. En plus,
Stress se répète parfois ou fait des procès de réparation, par exemple dans la
réponse suivante : « ou disons
que la manière dont l’argent était.. était dépensé… j’crois qu’en plus ils ont
dépensé bien plus que … qui était prévu à la base […] ». En parlant,
il reformule et change parfois ses énoncés.
En outre, Stress fait beaucoup de raccourcis,
c’est-à-dire qu’il laisse souvent tomber les ‘e’ comme par exemple quand il dit
j’crois, j’pense, etc., ce qu'on appelle des élisions de voyelles muettes.
Analyse II
Du point de vue syntaxique, on peut remarquer que la
fille fait des phrases syntaxiquement complètes et correctes, suivant la
structure SVO et en utilisant en plus des connecteurs (cf. « […] pour la construction de stades alors qu’une bonne partie de la population est très
pauvre ? »). Elle utilise même des questions d’inversion (« Pensez-vous qu’il était […] »).
Par contre, Stress ne suit pas toujours strictement l’ordre syntaxique correct.
Une trace de la divergence est par exemple la formulation de la négation que
fait Stress. Comme il est en train de parler, il ne fait plus la formulation
complète ne…pas, sinon il laisse
tomber le ne (cf. « en général on joue
pas »; « tous les trucs qu’il fallait pas faire », etc.)
Explications,
recherches, interprétations
C’est intéressant d’observer la façon de parler des deux
personnes car effectivement, on peut remarquer des différences entre la fille
et le rappeur. Si la fille fait attention à ses formulations et essaie de bien poser
ses questions, Stress parle très librement et fait donc plus de pauses et de
reformulations que son intervieweur. L’enfant a déjà préparé les questions de
forme écrite sur une feuille, par contre Stress répond spontanément. C’est la
raison pour laquelle il y a beaucoup plus d’indices de l’oralité dans les
énoncés de Stress que dans ceux de la fille. On a l’impression qu’il parle
comme dans la vie quotidienne. Le rappeur parle d’une manière appropriée et
compréhensible pour l’enfant sans renoncer à discuter aussi de problématiques
universelles.
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