jeudi 6 novembre 2014

Voir - écouter, Andrea


Interview avec le rappeur Stress


Source: http://www.youtube.com/watch?v=icaDs0XpKbs


Synthèse
Il s’agit d’une interview de « La Web Tv télé Neuchâteloise ». L’intervieweur est une fille, l’interviewé est le rappeur romand Stress. L’interview a lieu dans le cadre d’un concert que Stress donne ce soir-là à Sion lors du festival « Sion sous les étoiles ». L’interview se déroule de la manière suivante : la fille a préparé une feuille avec des questions qui d’abord portent plutôt sur la musique et la vie de musicien avant de passer, via la coupe du monde, à des questions concernant des problèmes écologiques, notamment la problématique de la pollution et la discussion de possibles solutions.
J’ai choisi ce type d’interview entre un enfant et une personne célèbre afin de pouvoir observer le comportement des deux interlocuteurs. Je trouvais intéressant de voir la manière dont l’enfant et Stress interagissent ensemble, c’est-à-dire que je voulais observer par exemple si l’enfant est extrêmement nerveux ou bien si Stress adapte sa façon de parler à un langage plutôt infantile, etc.


Typologie
Bien qu’il s’agisse d’une interview faite par un enfant, les sujets traités sont très importants et actuels. La problématique de la pollution de l’environnement concerne tout le monde. Quoique ce soit un sujet complexe, il est quand même important de sensibiliser aussi les enfants à ce thème. Cette interview fait donc un lien entre la musique, le foot et des problématiques universelles comme la pollution en nous faisant remarquer de cette façon que d’une part c’est une problématique sérieuse qui affecte tout le monde, un enfant ainsi qu’une personne célèbre, et d’autre part qu’il faut trouver des solutions.


Transcription
Interview entre l’enfant (E) et Stress (S):

E:    Stress, bonjour.
S:    Bonjour.
E:    Nous avons la chance d’être en votre compagnie ici à Sion, car ce soir vous donnerez un
       concert dans le stade de Tourbillon à l’occasion du festival … « Sion sous les étoiles ».
       Avez-vous déjà eu l’occasion de vous produire dans un stade?
S :   Ehm… J’crois que oui, mais maintenant j’me rappelle plus, non en général on joue
       pas trop souvent dans des stades, c’est plutôt des festivals ou des .. ou des salles qui sont
       fermées.
E:    Eh vous avez le trac ?
S :   Ouais, quand même un p’tit peu et on sait jamais vraiment comment les choses sont .. eh :
       comment les choses vont se passer parce que ça dépend aussi comment tu arrives à
       interagir avec le public, ce genre de truc.

E :   Qui dit stade, dit foot. Avez-vous suivi la Coupe du Monde au Brésil ?
S :   =Ouais. Ouais, j’ai regardé ..&
E :                                                ((rire))
S :   & pas mal de matchs.. c’était pas mal, c’était bien, =afin j’ai trouvé que c’était un bon
       mondial après le résultat final, voilà c’est ce que c’est, mais j’crois que… l’Allemagne l’a
       mérité.. compliments.
E :   Maintenant, la Coupe du Monde est terminée, mais il y aura bientôt les Jeux. Pensez-
       vous qu’il était ju- judicieux d’attribuer ces deux manifestations sportives à un pays
       comme le Brésil qui a déboursé 15 milliards pour la construction de stades alors qu’une
       bonne partie de la population est très pauvre ?
S :   =Non. Je trouve que c’était ..pas du tout judicieux, ou disons que la manière dont l’argent
       était dé- était dépensé… j’crois qu’en plus ils ont dépensé bien plus que … qui était prévu
       à la base, donc non, et c’est d’ailleurs pour ça qu’il y a une crise sociale au: .. en Brésil
       maintenant, et j’pense qu’on en entend pas beaucoup parler, et j’pense qu’ils espéraient
       qu’avec le foot et ça on oublierait mais maintenant ils doivent vraiment faire face à leurs
       problèmes.

((chanson de Stress - C’est Réel))
E :   Il y a quelques années, vous avez composé les chansons « C’est réel » et « On n’a qu’une
       terre ».&
S :   =Ouais.
E :   &Deux chansons pour essayer d’éveiller les consciences des gens sur les dégâts que
       l’homme inflige à notre terre. Pour vous, les problèmes environnementaux sont-ils des
       sujets qui vous inquiètent ?
S :   J’pense que c’est des problèmes qui nous inquiètent.. tous, indirectement, si on
       commence à y réfléchir. J’ai-.. J’ai plutôt l’impression que la plupart des gens préfèrent
       ne pas y penser et eh:m.. continuent leurs vies comme ça. On peut tous vivre, xxx..
       comment dire, comme une autruche, d’une certaine manière, mais eh:m.. moi
       personnellement ça me touche, en plus, si eh: vous avez des enfants etc., il y a une
       question, la vie continue même quand on n’est plus là, et puis j’pense qu’il y a.. il y a un
       réel besoin de prendre conscience.
E :   Pensez-vous que les artistes ont plus de chance de faire passer le message qu’un
       politique?
S :   J’pense qu’en fait les artistes peuvent faire passer des messages et les politiques peuvent
       voter des lois.. donc d’une certaine manière ça serait idéal que les deux puissent
       travailler main dans la main mais souvent c’est vraiment… souvent il y a une totale
       incompréhension au niveau… au niveau du.. du monde, ou de..d’où on vient, en façon de
       nous, comme on procède, comme on dit les choses, on a cette..comment dire.. cette
       position ou ce luxe de dire simplement c’ qu’on pense et j’ai l’impression que dans le
       monde politique tout est extrêmement calculé, tout est extrêmement réfléchi, donc il y a
       plus de.. coups de colère ou ce genre de trucs, donc c’est un peu.. difficile.

E :   Qu’est-ce qui énerve Stress ?
S :   ça dépend des jours, =il y a des jours où tout m’énerve&
E :                                                                                          ((rire))
S :   &mais en général moi ce qui m’énerve c’est quand je vois que des gens ont des
       possibilités.. et eh: ne saisissent pas les opportunités… et ça c’est, j’trouve en fait triste,
       pour moi.. qui est venu eh: d’un pays où il y avait pas beaucoup de possibilités. j’suis
       arrivé ici en Suisse, j’ai eu la chance, la possibilité d’étudier… eh: j’étais soutenu par
       l’état avec des bourses etc., donc eh: pour moi, c’qui m’a toujours énervé le plus dans la
       vie c’est des gens qui.. utilisent pas leur potentiel au maximum.

E :   Votre dernier album, « Renaissance 2 », date de 2011, eh:.. pour quand pensez-vous que
       le prochain arrivera ?
S :   =Alors nous, en fait, on est au studio maintenant&
E :                                                                                   [ah]
S :                                                                                   [je] dois finir l’album pour eh: fin
       septembre en fait, donc j’suis en train d’faire ça.
E :   Eh: comment êtes-vous tombé dans le rap ?
S :   Par l’ennui, en fait. J’habitais dans un endroit où il y avait rien à faire, et puis eh: j’ai
       découvert le rap, j’ai découvert la danse eh:.. ça me donnait aussi un hobby après pour
       écrire, j’ai fait des graffitis, tous les trucs qu’il fallait pas faire, mais… en même temps il
       y avait toujours une idée artistique derrière.. et j’crois que c’est ça qui m’intéressait le
       plus.
E :   Eh: comment se passe la naissance d’une chanson ?
S :   J’crois que ça se passe beaucoup eh:m… dans la tête, par des moments où… on s’dit,
       qu’est-ce qu’on aimerait exprimer, et des fois ça se passe aussi simplement en faisant de
       la musique avec des amis, il y a quelque chose qui est là et puis après on essaie
       de..identifier une émotion à ce qui en sort, et d’en faire une chanson. xxx j’pense qu’il y a
       vraiment beaucoup de moyens différents de créer une chanson.. il y a des albums que j’ai
       faits en étant à la maison avec des amis tout un été, comme Noël’s room, où tu passes
       juste du bon temps, il y a des gens qui font de la musique, et puis eh:.. et puis tu es
       simplement ensemble.


Analyses
Analyse I
En écoutant l’interview, on remarque qu’il y a une différence entre Stress et la fille quant au rythme de parole. La fille a préparé la formulation des questions auparavant, donc elle parle couramment, ses questions sont brèves car ses interventions représentent plutôt de la lecture. Ses formulations sont d’un style élevé et formel, comme par exemple dans l’introduction qu’elle donne : « Nous avons la chance d’être en votre compagnie ici à Sion, car ce soir vous donnerez un concert […] ». Le mot car appartient plutôt à la langue écrite.
Par contre, Stress n’a pas de réponses préparées et il répond donc spontanément. On voit beaucoup plus de traces d’oralité, par exemple des mots comme ehm, donc, etc. ou des petites pauses qui lui permettent de réfléchir aux questions. En plus, Stress se répète parfois ou fait des procès de réparation, par exemple dans la réponse suivante : « ou disons que la manière dont l’argent était.. était dépensé… j’crois qu’en plus ils ont dépensé bien plus que … qui était prévu à la base […] ». En parlant, il reformule et change parfois ses énoncés.
En outre, Stress fait beaucoup de raccourcis, c’est-à-dire qu’il laisse souvent tomber les ‘e’ comme par exemple quand il dit j’crois, j’pense, etc., ce qu'on appelle des élisions de voyelles muettes.

Analyse II
Du point de vue syntaxique, on peut remarquer que la fille fait des phrases syntaxiquement complètes et correctes, suivant la structure SVO et en utilisant en plus des connecteurs (cf. « […] pour la construction de stades alors qu’une bonne partie de la population est très pauvre ? »). Elle utilise même des questions d’inversion (« Pensez-vous qu’il était […] »). Par contre, Stress ne suit pas toujours strictement l’ordre syntaxique correct. Une trace de la divergence est par exemple la formulation de la négation que fait Stress. Comme il est en train de parler, il ne fait plus la formulation complète ne…pas, sinon il laisse tomber le ne (cf. « en général on joue pas »; « tous les trucs qu’il fallait pas faire », etc.)


Explications, recherches, interprétations
C’est intéressant d’observer la façon de parler des deux personnes car effectivement, on peut remarquer des différences entre la fille et le rappeur. Si la fille fait attention à ses formulations et essaie de bien poser ses questions, Stress parle très librement et fait donc plus de pauses et de reformulations que son intervieweur. L’enfant a déjà préparé les questions de forme écrite sur une feuille, par contre Stress répond spontanément. C’est la raison pour laquelle il y a beaucoup plus d’indices de l’oralité dans les énoncés de Stress que dans ceux de la fille. On a l’impression qu’il parle comme dans la vie quotidienne. Le rappeur parle d’une manière appropriée et compréhensible pour l’enfant sans renoncer à discuter aussi de problématiques universelles.

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