mardi 20 janvier 2015

4 - 120 secondes, Lukas Weber



Emission : 120 secondes
Thème : Les examens universitaires débutent
Intervenants :       Maxence Chassot : M
                               Animateur : A

Introduction

120 secondes est une émission radio humoristique animée par Vincent Kucholl et Vincent Veillon. Cette émission traite des sujets d’actualité et est constituée d’interviews de personnages fictifs. Dans la chronique choisie, Maxence Chassot, étudiant en HEC à l'Université de Lausanne, nous raconte sa préparation aux examens de fin d'année.



Transcription

A: La période des examens universitaires débute ces jours-ci, pendant un mois les étudiants des différentes facultés du pays vont devoir se soumettre à toute une série de tests écrits et oraux pour tenter de décrocher leur bachelor ou leur master, un titre qui sanctionne leur formation universitaire et leur ouvre les portes du monde du travail. On va en parler avec vous ce matin Maxence Chassot, bonjour.
M: Bonjour !
A: Vous êtes étudiant à l’université de Lausanne, vous êtes inscrit à la faculté des HEC, des hautes études commerciales et ce mardi, ce sont les écrits qui commencent pour vous.
M : HEC ça- ça veut dire hautes études commerciales ?
A: … Ben oui.
M : H…E..ah ouais ! Ah c’est marrant. HEC ouais.
A : Euh racontez-nous comment on se prépare à ces rituels ?
M : Ben par exemple mercredi après-midi j’ai euh l’écrit de euh principes de finances euh c’est le cours de Rockinger, alors euh ben aujourd’hui, demain et pis euh mercredi matin ben je vais euh relire euh mes notes à- à fond, apprendre le maximum de trucs par cœur euh, ouais pas’que on a, on a le droit à la calculatrice mais on a pas le droit à la doc.
A : Ah.
M : C’est chiant ouais. Et pis ensuite ben jeudi après-midi j’ai l’écrit de contrôle interne donc pareil euh mercredi soir pis jeudi matin ben je vais relire mes notes de cours à fond pis apprendre un maximum de trucs par cœur…
A : ouais vous vous préparez un peu à la dernière minute quand même non ?  
M : ah non non ça fait presque un mois que je vais tous les soirs à la bibliothèque de droit pour euh pour réviser mais bon c’est vrai c’est pas super efficace parce qu’on fait souvent des pauses euh pour boire des cafés, pour vapoter (fumer une cigarette électronique), pour mater les gonzesses[1].
A : hmmhh
M : Oh putain holy shit les fucking gonzesses de la bibliothèque de droit ça vaut le détour
A : Ah vous avez- vous avez pas la banane (bibliothèque cantonale universitaire/en forme de « banane »)?
M : ça va pas hey? à la banane les gonzesses elles se lavent même pas hey haha.
A : D’accord et les examens en tant que tels, comment ça se passe ?
M : Alors ben euh au début euh on arrive devant la salle, y’a un plan avec euh où est-ce qu’on est assis[2] euh ensuite on va s’asseoir tout seuls à une table pour pas pou’oir pougner pis ensuite pendant deux heures ben on fait des croix dans des- dans des cases. Même trois heures principes dee- principes de finances ça dure trois heures, ça c’est vraiment lourd quoi.
A : mhmm
M : pis moi ben en général au bout d’une heure, je vais euh- je vais vite pisser pour euh cheker les réponses qu’i’ m’manquent sur mon smartphone que j’ai planqué dans les chiottes euh…
A : ouais.
M : … au-dessus..pou..
A : tss…
M :.. euh au-dessus euh là où y’a l’eau. Je l’ai posé. (rire)
A : (rire) Pourquoi vous avez choisi la faculté des HEC ?
M : Ah ben je me suis pas vraiment euh posé la question. Ben y’a mon père, y’a mon frère, mon cousin euh Sirkis qui a aussi fait euh…(rire) HEC, donc euh c’était logique
 ‘fin c’était euh familial
                        A : ouais mais d’accord mais y’a- y’a pas- y’a pas d’autres facultés qui vous intéressaient ?
M : euh ouais *fff j’avais quand même pensé à faire droit à un moment mai bon l’problème c’est qu’faut encore apprendre encore plus d’trucs par cœur euh et pis euh après si on veut gagner plein de tunes euh faut encore faire le brevet d’avocat ça prend des années et des années…
                   A : ouais…ben oui ben c’est…
M : ouais ouais, alors que là grâce à mon- à mon père, à mon frère, pis à mon cousin Sirkis euh, je suis sûr d’avoir un super job à huit mille cinq cent balles dès que j’ai finis euh l’uni quoi…
                   A : pis…
                   M : …c’est cool …
                   A : …c’est mais genre les autre, les lettres, les sciences sociales ?
M : pfff, ça va pas la tête ? Les lettres, les sciences sociales noon, non. Quand tu fais lettres ou bien sciences sociales, tu gagnes euh genre même pas cinq mille quand t- quand tu sors non. Euh pis en plus i’ paraît qu’il faut lire plein de livres euh- euh c’est chiant quoi.
                   A : ouais ouais…
M : Pis les examens i’ durent euh quatre heures, même des fois six heures i’ paraît. Et pis en plus faut écrire des phrases, expliquer des trucs compliqués non non…
                   A : ben oui fin…
                   M : … Non non euh moi j’suis pas maso hey. Et- et- et pis les gonzesses, pis les gon… be… en- en sciences po et pis en lettres euh les gonzesses, il paraît que euh elles s’épilent même pas la chatte alors beuh… et pis que c’est tout juste si elles se maquillent donc euh merci quoi non hey j’allais pas passer quantre ans euh à me prendre le chou euh
                   A : ouais ouais.. 
                   M :entouré de cageots non mais hey…
A : Vous avez- vous avez pu tisser des- des relations intéressantes durant vos études ?
M : Ah ouais ouais à fond ouais moi j’suis au comité HEC par exemple euh…
A : Ah c’est l’association des étudiants ?
M : ouais… ouais c’est le comité HEC ouais.
                   A : ouais ouais
M : Ouais ils organisent plein de trucs cool euh des conférences euh… ‘fin bon moi en général j’y vais pas trop, je vais surtout après pour boire des verres. Pis ah aussi ils organisent le bal HEC.
A : ah ouais ?
M :  ouais. C’t’année c’était au- au  Montreux Palace d’diou, ça c’était une belle soirée quoi…
                   A : C’est vrai ?
M : Euh ! Mais les robes des gonzesses… Maa…. Holy shit quoi ! J’en ai levée une euh j’ai mais j’ai pas réussi à scorer…
                   A : ouais.
M : Non j’avais pris trop de coke euh j’étais comme ça, j’tais aah…allez pffff ! C’était…
                   A : C’était- c’était une belle période ces années d’études ?
M : Ah ouais à fond j’ai bien profité hein une trentaine d’heures de cours par semaine euh bourré du jeudi au dimanche euh non c’était cool juste un p’tit coup de stress avant les vacances d’été mais euh mais ça va quoi. Pis après ben euh c’qu’est cool, c’est qu’j’serai chef euh j’vais gagner plein de tunes non euh…
                   A : ouais.
M : Non c’est cool quoi, moi j’kiffe assez ma life.
A : Très bien Maxence Chassot, j’rappelle que vous êtes étudiant en HEC à l’université de Lausanne…
                   M : Hau- Hautes…
                   A : Hautes études commerciales.
M : Ah ouais (rire).
A : (Rire) Euh j’vous souhaite une bonne chance pour cette session d’examens…
                   M : On en apprend tous les jours !
                   A : …qui débute euh ouais ouais c’est ça ! Bonne révisions hein quand même.
                   M : Non mais aujourd’hui j’crois qu’j’vais quand même faire off quoi, c’est qu- c’est férié donc euh… j’suis pas débile moi j’bosse pas dans l’service publique ! (rires)
A : (rires) Au revoir.         

Analyse grammaticale/linguistique
1 Mater les gonzesses : « Mater » est un mot issu du français populaire ou argotique. Il signifie regarder attentivement. C’est également le cas pour le mot péjoratif « gonzesses » qui signifie femme. 

2 Y’a un plan avec où est-ce qu’on est assis : Dans cette phrase du personnage Maxence Chassot, la structure normale ou standard d’une phrase en français est fortement modifiée. La tournure de cette phrase est grammaticalement incorrecte. En effet, il est faux de dire « un plan avec où ». Il faudrait ajouter à la conjonction « où », une phrase subordonnée comme par exemple : Il y a un plan qui désigne le lieu où on est assis.



Explications/Interprétations
Dans cette interview, le personnage de Maxence Chassot nous parle de sa vie d’étudiant à l’université et donne son impression par rapport à la période de préparation aux examens. Le tout d’une manière très détendue et informelle. En effet, il semble parler à l’antenne comme il le ferait entre amis ou dans un cadre familier. Ses explications font sourire car elles livrent une vision caricaturale d’un étudiant peu concerné par les enjeux des études. Pour seule préparation, Maxence explique qu’il apprend une grande quantité de choses par cœur, que les examens se déroulent de manière très stricte où les élèves ne choisissent pas leur place comme des grands mais sont placés à l’avance pour éviter tout comportement coupable et tout ceci dans le but de gagner beaucoup d’argent sans faire d’effort particulier. Et cela nous fait rire. Mais pourquoi ? Rions-nous car il est plus facile de rire du portrait de cet étudiant pour éviter de montrer qu’il nous ressemble dangereusement? Rions-nous pour tenter de masquer que son discours reflète la réalité ? Ce qui est frappant c’est que ce qui provoque le rire chez les auditeurs, c’est qu’il trouve écho dans les pensées et les cœurs de chaque étudiant. Qui, au cours de l’entretien, ne s’est pas dit : « Mais c’est vrai, c’est exactement ça ! » ? Nous étudiants rions parce que nous nous retrouvons dans ce qu’il dit et que cela nous fait peur. Mais l’université n’est-elle vraiment qu’un nid de robots qui ne disent pas « Pourquoi ? », qui font simplement ce qui est ordonné et qui répondent aux questions de la vie par des petites croix dans des cases ?



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